UNE TRAVERSEE PERILLEUSE
Simples questions de bon sens
Quand on cherche des informations au sujet de cette traversée de la mer Rouge par les enfants d’Israël, il n’est pas rare de rencontrer des discours d'intellectuels qui mettent en doute la réalité historique de cet événement ou, tout au moins, qui en gomment toute manifestation à caractère merveilleux : pour eux, tout doit être passé au crible de la science, et ce qui n’est pas explicable par la raison est classé aussitôt dans une farde comportant l’étiquette « imaginaire ».
Mais la foi n’est pas quelque chose de raisonnable ; la foi se situe sur un plan qui transcende les œuvres de la chair, au niveau du cœur. Et une foi authentique considère les miracles comme faisant partie de la réalité parce qu’elle se fonde sur le créateur de l’univers, qui fait ce qu’il veut, quand il veut, comme il veut : la foi ne rejette pas les interventions extraordinaires du créateur dans notre histoire. Pourquoi ne fendrait-il pas la mer en deux pour laisser passer son élu ? Qui sommes-nous pour le lui interdire ?
Photographie © Phil Edengarden 2019
Chaque année, à l’occasion du seder de Pessa’h, le peuple d'Israël commémore et revit la traversée de la mer Rouge à la suite de Moïse. Il suffit alors de regarder de quelle façon les enfants mettent en scène ce passage du livre de l’Exode pour constater que l’image mentale qu’ils se font généralement de cette traversée reste assez éloignée de ce qu’a pu être la réalité de cet événement marquant. Dans le film «Les Dix Commandements», de Cecil B. De Mille, la scène qui évoque ce récit historique ne dure, à l’écran, que quelques minutes ; on en garde l’impression que tout s’est passé sans encombres et en très peu de temps.
Le site qui se trouve entre les mystérieuses colonnes disposées depuis l’antiquité de part et d’autre de la mer Rouge, l’une en Egypte, l’autre en Arabie saoudite, nous fait entrevoir les choses sous un angle différent. Quinze kilomètres séparent les deux berges. On estime généralement qu’il faut grosso modo une heure pour parcourir cinq kilomètres à pied. Il faut donc trois heures pour en faire quinze. Les premiers à s’être élancés sur les fonds marins n’ont pu arriver sur l’autre rive que, tout au mieux, trois heures plus tard. Pendant ce temps, les derniers étaient encore sur l’autre rive ou en train de fermer la marche, au beau milieu de la mer.
Le récit du livre de l’Exode nous dit que la mer s’est fendue pour laisser passer Moïse et son peuple « à pied sec », mais il ne dit pas que le sol qu’ils ont dû fouler pour arriver de l’autre côté était asphalté. Et si la pente était douce, il fallait tout de même descendre à 90 mètres de profondeur sur un sol meuble et en remonter.
Personne ne portait de ces chaussures de marche conçues pour faire un trek en haute montagne. Personne ne portait de sac à dos ergonomique soigneusement pesé avant de partir. Le groupe n’était pas limité à quelques personnes briefées, déterminées, organisées : il y avait là un peuple tout entier, hétéroclite, ingérable. Les mères devaient faire avancer leurs enfants, certaines portaient leur nourrisson dans les bras. Il fallait aider les anciens à marcher, à ne pas trébucher. Il y avait sans doute des malades et et des blessés sur des brancards, des femmes enceintes sur le point d'accoucher. Il fallait faire avancer les bestiaux et dégager les roues des charrettes qui s’embourbaient ou calaient sur des aspérités rocailleuses.
Les jeux inter-villes de la télévision, c’est du pipeau à côté de ce que toutes ces personnes ont dû endurer et surmonter au cours de cette traversée, sans aucun entraînement préalable. Et c’est sans mentionner la peur de l’inconnu et, de surcroît, l’angoisse d’être rattrapés par un pharaon dont l’armée était lancée à leur poursuite, avec des soldats entraînés pour le combat, montés sur des chevaux et des chars de guerre.
Et puis, sous quelles températures fallait-il avancer ? Etait-ce la nuit, à la lueur de la colonne de feu qui allait au-devant d’eux ? Etait-ce en journée, sous le soleil implacable du désert ?
Enfin, combien de temps s'est-il écoulé entre le moment où la mer s'est ouverte et le moment où la mer s'est refermée sur les Egyptiens? Nous savons que la traversée de la mer Rouge est reliée à la symbolique du baptême. Et le baptême au nom de Yéchoua est relié directement à la souffrance, à la mort, à l’ensevelissement et à la résurrection de celui-ci.
Les évangiles attestent que cet événement, qui va de la passion à la résurrection du machia’h, s’était étendu sur trois jours...