​Un voyage virtuel est un voyage, qu’il soit vécu en lisant un livre, en écoutant de la musique ou en visionnant un film. Google Street View peut être utile pour dresser un itinéraire routier. Cette interface permet également d’explorer le monde autrement.

Les images présentées ici ne sont pas juste des captures d’écran : ce sont de véritables photographies, cadrées et prises selon un angle déterminé, et retravaillées comme elles le seraient par un peintre dont le style est reconnaissable. Elles traduisent les préoccupations de leur auteur, sa façon d’appréhender la réalité, le climat intérieur de son âme et son interprétation personnelle des scènes initialement objectives et « neutres » qui se présentent à son observation.

Phil Edengarden opère à la manière d’un chasseur, avec l'objectif photographique comme arme de pointe et l’outil informatique pour munitions. Mais ce qu’il traque, ce ne sont pas des victimes destinées à figurer sur un tableau de chasse : il donne soudain vie à ces détails qui, en principe, ne sont pas destinés à être pris en compte par le cartographe. De fait, ces images prises de manière systématique par un robot ne sont, au départ, rien de plus qu’une série d’informations topographiques, dont certaines ne seront sans doute jamais visionnées par un être humain.

Cette œuvre d’artiste constitue donc une réponse subjective à la question que pose l’existence de cette masse de fichiers collectés par les promoteurs d'une banque de données aussi efficace qu'impersonnelle.