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La véritable repentance

Extrait du livre → La grâce surabondante de Dieu dans ma vie

Témoignage de Fritz Berger (1868-1950)
Éditions Assemblée évangélique des frères
Malleray-Bévilard

Celui qui cache ses transgressions ne prospère point, mais celui qui les avoue et les délaisse obtient miséricorde. (Proverbes 28,13)

Peu après ma conversion, je me rendis à l'évidence que mes péchés devaient être confessés et réparés dans la mesure du possible. Alors la honte m'envahit, et je me dis : « Lorsque je devrai avouer avoir dérobé du bois ou des cerises, que diront les gens lorsqu'ils m'entendront ? » J'avais volé du bois à un voisin ; je me rendis chez lui et heurtai en tremblant à la porte. Personne ne vint ouvrir, ce qui intensifia encore ma crainte. Je désirais m'enfuir, mais je craignais qu'il ne me vît ; c'est ce qui me retint. Enfin, la porte s'ouvrit. Étant entré, je lui indiquai le pourquoi de ma visite : « Je veux vivre pour le Seigneur et je veux être sauvé. Comme je t'ai dérobé du bois, je viens en payer la contre-valeur ! » Il répondit : « N'y regarde pas de si près et ne sois pas accablé pareillement » - « Je veux me défaire de ce fardeau pesant ! » Alors il me déclara qu'il aurait, lui aussi, bien des choses à réparer s'il voulait agir ainsi et que, d'ailleurs, il m'avait aussi volé. Nous possédions un peu de forêt et certains paysans, lorsqu'une perche leur faisait défaut, ne s'inquiétaient pas outre mesure lorsqu'ils s'étaient servis chez le voisin. C'est ainsi que ce voisin pardonna mon délit, et j'en fis de même à son égard.

Fritz Berger Je fus obligé de me rendre également chez d'autres paysans au sujet de bois dérobé. Si je ne réparais pas mes torts, je savais très bien que ces faits seraient mis à découvert au jour du jugement et que je serais condamné, bien que j'aie eu soin de recouvrir les souches avec de la mousse afin que l'on ne remarquât rien. Je tenais à avoir une conscience purifiée et c'est le motif pour lequel je mis tout en ordre. Les cerises et les pommes volées faisaient également partie de ces méfaits, bien que leur poids n'atteignît ni vingt, ni même dix kilos ! Mais je savais que tout devait être mis à découvert chez moi, sinon je me voyais en pensée au jour du jugement, perché sur l'arbre au pied duquel se trouvait le propriétaire - et j'étais condamné et damné. C'est la raison pour laquelle je me rendis partout, confessant mes fautes et payant ce que j'avais dérobé. Si l'on agit ainsi, les gens sont témoins d'une foi agissante. Tel a été chez moi le début et je crois que beaucoup réalisent également les choses ainsi.

J'avais dérobé trois choses différentes chez un paysan. Je confessai mon premier vol, puis je revins pour le deuxième, mais le courage me fit défaut pour confesser le troisième. Ce dernier se rapportait plus spécialement à une pièce de cuir destinée au ressemelage et ayant une valeur d'environ septante centimes. L'affaire était minime et je songeais que sa réparation n'était nullement importante mais, sans cesse ce cuir me revenait en mémoire. Je me disais : « Que va dire cet homme, si je me rends chez lui pour la troisième fois ? » Sa réaction sera la suivante : « Combien de fois reviendras-tu et que m'as-tu encore dérobé ? » Tout devait être mis à découvert et je dus me rendre encore une fois chez lui.

Un certain jour de marché, j'avais volé un petit couteau valant vingt centimes ; lorsque je me convertis, j'eus souvenance de ce délit. Malgré les recherches faites, je ne trouvai pas trace du vendeur et je remis quatre-vingts centimes à la Mission, soit donc le quadruple, selon les Écritures. Plusieurs années s'écoulèrent et, un beau jour, j'aperçus mon marchand de couteaux dans le train. À Langnau, nous sortîmes ensemble ; quelques personnes me reconnurent. Lorsque l'homme fut sur la route je courus jusqu'à lui, et comme il avait l'oreille dure, je fus contraint de crier bien fort : « Je t'ai dérobé un couteau ! » Les larmes commencèrent à couler sur son visage, mais je fus fort soulagé lorsque je lui eus remis quatre-vingts centimes.

Certaines cerises volées me revenaient continuellement en mémoire. J'entendis un jour un prédicateur déclarer que si on oubliait le tort fait après avoir prié, nul n'était besoin de le réparer, et qu'il n'y avait lieu de confesser que ce qui nous accablait. Ainsi lorsque je pensais à ces cerises, je priais et je les oubliais. Mais elles étaient à nouveau présentes à mon esprit lorsque quelqu'un parlait de vol de cerises. Une telle chose non réparée vous poursuit comme un chien et vous crie : « Ce n'est pas bien, ce n'est pas bien ! » Il n'est pas possible de croire sur une telle négligence ! En ce temps-là, un de mes garçons tomba malade ; il respirait difficilement et devenait bleu. Je voulais me rendre chez le médecin, mais je savais que : « Jésus est le médecin » et je résolus de me confier en lui.

Ouvrant la Bible, je tombai sur le texte d'Ezéchiel 33,15 : Si le méchant rend le gage, s'il restitue ce qu'il a ravi, s'il suit les préceptes qui donnent la vie, sans commettre l'iniquité, il vivra, il ne mourra pas. Tous les péchés qu'il a commis seront oubliés. Je me dis qu'en ce qui me concernait, j'avais réparé les torts que j'avais commis. Après un moment, j'ouvris de nouveau la Bible et je lus :Celui qui cache ses transgressions ne prospère point. Mais celui qui les avoue et les délaisse obtient miséricorde (Proverbes 28,13).Une troisième fois, j'ouvris la Bible et voici ce que je lus :Lorsque tu as volé, tu dois le restituer en y ajoutant un cinquième. Finalement, les écailles tombèrent de mes yeux et je vis qu'il n'est pas écrit : Confesse lorsque tu es accablémais :lorsque tu as dérobé. Il me vint alors cette pensée : « Que diront les gens ? À l'assemblée, tu as raconté que tes affaires avaient été mises en ordre ; tu seras regardé comme menteur ! » Mais ma décision fut prise en pensant : « Advienne que pourra ! Que les gens disent n'importe quoi ! À présent je me rends chez ce paysan ! » Lorsque j'arrivai chez lui il battait le grain dans sa grange et toute sa famille était là. M'approchant de lui, (je ne dis pas à voix basse : « Viens un peu de côté, j'ai quelque chose à te dire ! ») je confessai mon vol à haute voix, en précisant comment j'avais été enseigné par le prédicateur, et ce qui m'avait été révélé le jour même en lisant la Bible, et je conclus : « Donc, je suis venu pour régler les cerises ! »

Au cours de cette journée, je dus encore me rendre à sept endroits différents et écrire à une huitième personne. Par la suite, on pouvait parler de cerises sans que cela me touche, j'étais tranquille ! Comme autre résultat, mon garçon se rétablit et, le lendemain, il put se rendre à l'école. Je rendis grâces à Dieu de m'avoir ouvert les yeux. Auparavant, je lisais souvent sans réfléchir à ce que je venais de lire. Beaucoup de gens font naufrage ici, préférant les tourments de l'enfer à la confession du péché, mais celui qui veut être sauvé n'hésite pas longtemps ! Lorsque je constatais : « La Parole dit ainsi », je me hâtais de lui obéir, sans remettre les choses au lendemain.

Fritz Berger Combien nombreux sont ceux qui pensent qu'il est possible d'avoir une affaire nette, sans confession des péchés ! Cela ne revient pas à dire que chaque péché doit être confessé à un homme, mais il est grandement utile de confesser précisément ce que l'on ne voudrait pas dire. Une personne agissant ainsi peut dire ensuite de tout coeur comment Jésus l'a délivrée. La confession réelle des péchés consiste à rompre totalement avec le péché et ne plus le servir dès l'instant même ! Si quelqu'un n'est pas libéré du péché, il est bon de prier avec lui, selon cette parole :Confessez donc vos péchés les uns aux autres, et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris (Jacques 5,16). L'on dira peut-être : « J'ai dit à Dieu les choses que j'avais à confesser ! » Cela est bien, mais souvent cela ne suffit pas. L'homme doit en effet se montrer une fois tel qu'il est et abandonner ainsi sa propre vie. Nous lisons dans Matthieu 3 au sujet de Jean-Baptiste : « Les habitants de Jérusalem, de toute la Judée et de tous les pays des environs du Jourdain se rendaient auprès de lui et, confessant leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans le fleuve du Jourdain ». Exhortant encore spécialement les gens pieux, il leur disait :Produisez donc du fruit digne de la repentance. Déjà la cognée est mise à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu.

Ayant ainsi mis tout en ordre, je réalisai beaucoup de joie. Lorsque le poids des péchés s'allège et qu'ils éprouvent de la joie, beaucoup pensent que c'est la paix de Dieu décrite dans la Bible. Depuis l'époque de ma conversion jusqu'à la nouvelle naissance, j'eus bien des joies et les choses se passèrent comme il est écrit :Les ordonnances de l'Éternel sont droites, elles réjouissent le coeur (Psaume 19,9). À certaines occasions, je versais même des larmes de joie mais je n'avais pas encore réalisé la paix de Dieu. Je me rendais assidûment à l'église, de même qu'à l'assemblée, et je ne voyais pas de frontière entre la vie et la mort spirituelles ; selon ma conception, partout s'annonçait la vérité, et j'étais « béni » en tout lieu. Comme personne pieuse, on peut contrefaire de bien des manières la véritable piété, et il est aisé de parler de bénédiction et de joie ; mais celui qui a un bon « odorat » sentira bien vite « la petite odeur de vieux » que répandent de tels chrétiens (Jérémie 48,11). Tel aurait été le cas chez moi également, si un homme possédant le discernement des esprits m'avait parlé.

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