Ce que je crois vraiment
Si vous aviez de la foi comme un grain de moutarde... rien ne vous serait impossible
Evangile selon Matthieu 17,20
J'aime bien cette définition de la conviction:
Une croyance est une chose sur laquelle il est possible d’argumenter. Une conviction est une chose pour laquelle vous donneriez votre vie.
De nos jours, les gens ne prennent plus beaucoup de recul: ils ont souvent de fortes convictions sur des questions à faible incidence (la météo, le foot, la mode, etc.) alors que leurs convictions restent faibles sur les questions fondamentales (ce qui est vrai, ce qui est bien, ce qui est mal).
Dès lors que mes convictions déterminent ma conduite, me poussent à agir dans un sens plutôt qu’un autre, engagent ma vie et celle d'autrui, il me paraît important de chercher à les définir et d'en éprouver la solidité.
Au début de mon cheminement, je faisais souvent ce que des personnes plus expérimentées faisaient ou me suggéraient de faire. Quoi de plus normal, pour un enfant en pleine croissance, que de suivre les indications des adultes et de les imiter?
Cependant, l’éducation ne consiste pas en une opération de formatage ou de clonage. Chaque personne est unique. Il n’y a pas deux histoires qui soient parfaitement identiques. J’ai donc appris à marcher seul, à me démarquer, à forger mon propre système de valeurs, à exprimer les choses avec mes mots, quitte à m’approprier, sur un mode nouveau et à ma façon, ce qui m’avait été transmis par les anciens et à m'appuyer sur leur enseignement.
Il est toujours agréable de rencontrer des personnes qui partagent, peu ou prou, nos convictions personnelles. Dans ce sens également, il me semble utile de dresser, ici, une liste de convictions qui me motivent. Si quelque chose vous paraît bon ou si, au contraire, vous pensez que je m'égare, n'hésitez pas à prendre contact et à dialoguer.
D.ieu existe-t-il indépendamment de ma volonté ?
Etre ou ne pas être, là est toute la question.
Hamlet - William Shakespeare
Croire ou ne pas croire est-il un choix rationnel que je pose consciemment ou une option facultative que je prends face à la part d'irrationnel que je rencontre dans ma vie ?
D.ieu est-il une construction de mon esprit destinée à me rassurer ou existe-t-Il réellement, que je le veuille ou non?
En d'autres termes, y a-t-il un principe créateur qui gouverne l'univers ou suis-je soumis au chaos dans une galaxie qui provient de nulle part pour aboutir au néant?
Suis-je le fruit du hasard ou suis-je plutôt le résultat d'un projet imaginé, pensé, mis en œuvre par une puissance qui me dépasse et qui régit l'équilibre des masses dans le cosmos?
Voilà autant de questions angoissantes auxquelles tentent de répondre la métaphysique et la science...
Mais les constructions élaborées par l'esprit humain, parfois brillantes d'ingéniosité,
suffisent-elles à tranquilliser ma conscience face aux questions qui m’atteignent de plus près lorsque survient un deuil, une maladie,
la vieillesse et la question inévitable de ma propre mort?
L'idée de D.ieu n'est-elle pas le fruit d'un conditionnement inoculé dans mon esprit par ma culture, mon environnement, mon éducation? ...
Personnellement, je ne conçois pas la foi en D.ieu en dehors d'un contexte relationnel où l'initiative de la rencontre lui revient.
Je suis convaincu que la question de l'existence de D.ieu est inévitable parce que D.ieu, en qui je reconnais mon concepteur, a fait en sorte que je ne puisse pas ne pas me la poser.
Mais je suis libre de recevoir ou non la réponse qu'il donne à ce questionnement qui sert de point de départ à notre dialogue.
Je crois en D.ieu non pas parce que j'aurais fait le pari de Pascal mais parce que D.ieu m'y a invité.
Ma foi est une réponse à son appel.
D.ieu parle-t-il aux hommes ?
Même pour un esprit rigoureusement scientifique, croire à l'existence d'un démiurge n'est, somme toute, pas tout à fait inconcevable. Croire que des hommes puissent entrer en relation sur un mode personnel avec D.ieu est beaucoup plus difficile à comprendre.
Imaginer que D.ieu qui, par définition, est éternel puisse intervenir dans l'histoire pose de nombreuses questions. C'est pourtant ce qu'affirme la bible. Cette collection de livres propose l'interprétation de l'histoire d'un homme que D.ieu se serait choisi, avec lequel il se serait engagé par serment, comme par un contrat de mariage: ABRAHAM.
Et ce D.ieu-là parle à cet homme. Lorsque son cher Abraham s'éteint, il continue de s'adresser à lui au travers de sa descendance,
se souvenant de la promesse qu'il a faite de lui donner une postérité nombreuse,
un peuple qui lui appartienne, qui porte son nom.
Croire dans le D.ieu de l'alliance avec Abraham revient à revendiquer pour soi le nom de l'un et de l'autre: fils de D.ieu, fils d'Abraham ...
Un D.ieu qui fait des promesses
Abraham est passé de vie à trépas, mais D.ieu, qui est fidèle, demeure présent dans l'histoire et il perpétue, au fil du temps qui passe, les promesses qu'il a faites à son ami. Aux descendants d'Abraham, il se révèle et se laisse découvrir comme un parent aimant, tant mère-poule qui rassemble et couve tous ses petits sous ses ailes avec miséricorde que père juste et attentionné qui éduque avec équité, reprend les torts et rétribue les qualités. Même si nous nous comportons comme des adolescents, lorsque nous nous éloignons de lui, il est tout sauf indifférent.
Est-il possible de voir D.ieu ?
C'est son père tout craché ! Qui ne connaît cette expression qu'on utilise pour exprimer la ressemblance frappante entre un père et son fils, dont ce dernier reproduit, à s'y méprendre, la voix, l'apparence physique, l'allure, les traits de caractère ou le comportement?
L'évangile selon Jean rapporte ces paroles étonnantes de Yéchoua: Celui qui m'a vu a vu le père.
(Jn 14,9)
Cela peut signifier: "Regardez-moi et vous connaîtrez à quoi ressemble mon père."
Mais cette invitation à découvrir le visage du père dans la personne de son fils ne porte pas que sur ses faits et gestes;
cela concerne aussi son attitude vis à vis de son père, sa confiance absolue en lui.
Ce n'est pas qu'il soit un robot, que cela puisse être, pour lui, de l'ordre du réflexe automatique - il est, comme chacun d'entre nous, doté d'une personnalité individuelle - mais cela tient à la qualité de son amour envers son père.
En toutes choses, Yéchoua se soumet, avec une confiance indéfectible, à la volonté de son père.
Peut-on déclarer plus clairement ceci: le père est vraiment digne de confiance, il ne peut pas se tromper, sa parole est sûre?
Dans ce cas, puisque nous sommes, nous aussi, ses enfants, nous pouvons nous reposer en toute sérénité sur ses préceptes.
Le chemin étroit de la confiance
Quand on observe le rapport filial de Yéchoua envers son père, comment ne pas penser au deuxième des trois grands patriarches mentionnés dans la bible: ITZHAK (Isaac) .
Dans un souci d'obéissance aveugle à D.ieu, Abraham, son père, pensa devoir l'offrir en sacrifice sanglant sur un autel fait de bois mort. Itzhak a-t-il tenté de fuir? A-t-il tenté de convaincre son père qu'il faisait fausse route? Le récit biblique ne nous le raconte pas. De toute évidence, il s'est laissé mener vers le lieu du sacrifice aussi docilement qu'un agneau se laisse mener à l'abattoir. Pourtant, dans le récit biblique, le fait que l'enfant pose une question judicieuse à son père, alors qu'ils étaient encore en chemin, montre bien qu'il est sain d'esprit. Cela permet de mettre d'autant mieux en évidence la confiance absolue de ce fils envers son papa qui, il le sait, l'aime plus que tout au monde.
Celui qui permet de voir le père est le fils, notamment en raison de son attitude à l'égard de son père. Il est cette preuve vivante que le père n'est pas un despote dépourvu de bon sens, un dictateur dément, un tyran fou. Il a un plan et il sait ce qu'il fait, c'est évident. Si ce père aimant nous fait des demandes qui nous paraissent contraignantes, c'est certainement parce qu'elles constituent le chemin le plus rapide et le plus sûr vers notre délivrance.
Car, nous le savons, D.ieu est amour. Il nous a créés dans l'amour, pour le bonheur et pour l'amour, et nous ne trouverons le bonheur que dans l'amour. Le péché a entravé notre capacité à aimer véritablement. D.ieu veut notre réhabilitation. Le fils est le chemin. Son attitude est le chemin. La confiance est le chemin. L'emprunter est un témoignage: nous manifestons, par là, que D.ieu est bon. Nous affirmons qu'il ne peut pas se tromper. Nous attestons qu'il est digne d'une confiance absolue.
Comment connaître D.ieu personnellement ?
Nous avons évoqué cette question plus haut: croire à l'existence du Démiurge est déjà quelque chose. Croire que ce D.ieu ait pu s'adresser à quelques privilégiés et mettre sa confiance dans les promesses qui leur ont été faites de sa part est autre chose... Néanmoins, cela semble acceptable pour bon nombre de nos frères en humanité qui pratiquent une religion.
Par contre, connaître D.ieu personnellement, converser avec lui qui a créé tout l'univers, entretenir un cœur à cœur, où que je me trouve, à quelque heure du jour ou de la nuit, cela relève de l'inconcevable. Il faut un fameux coup de pouce du ciel pour que cela soit rendu possible.
Au bord du puits de YA’AKOV (Jacob) qui est à Samarie, au cours d'un entretien avec une femme qui s'interroge sur le lieu le plus approprié pour faire ses dévotions,
Yéchoua affirme que l'heure vient, et c'est maintenant, où les vrais adorateurs adoreront le père en esprit et en vérité.
(Jn 4:23)
Cependant, cette forme nouvelle de vie spirituelle nécessite une initiation. C'est ce que reconnaît cette femme de Samarie quand elle dit: Je sais que l'oint doit venir.
Lorsqu'il sera venu, il nous fera tout connaître.
(Jn 4:25)
Et Yéchoua lui répond qu'il est, lui, cette porte vers l'acquisition de la connaissance intime de D.ieu!
Il est donc utile de me mettre à l'écoute de Yéchoua si je souhaite connaître D.ieu personnellement. Pour faire connaissance avec lui, rien n'est aussi utile que de lire les différentes versions de l'évangile. Une étude approfondie de ce témoignage conduit à faire la découverte de ce message essentiel de Yéchoua, qui pourrait tenir en quelques mots: Devenez le temple du saint-esprit!
Autrement dit: qui est habité par l'esprit saint a tout! Qui a reçu chez lui l'esprit saint est entré de plain pied dans le royaume de D.ieu et est en mesure de se tenir face à lui,
de dialoguer avec lui sur un mode familier.
Et la porte pour y accéder, nous révèle l'évangile, est Yéchoua: il s'agit avant toute chose de reconnaître son identité, de croire, à la manière du Larron crucifié à ses côtés,
qu'il est l'agneau de D.ieu qui ôte le péché du monde, qui ôte mes péchés et qui prend sur lui toutes les blessures de mon cœur.
Seule cette reconnaissance permet d'accorder une pleine autorité à ses paroles. Alors, comme il vient de le dire à la Samaritaine:
Si tu savais qui est celui qui se tient devant toi, tu l'aurais prié de t'abreuver de tout ce dont ton cœur a immensément soif.
Comme à chaque fois qu'il est question de "connaître" dans la bible, il est question de faire une expérience. Il ne s'agit pas de savoir avec l'intellect, mais d'éprouver avec le cœur, l'organe de la vie spirituelle. Au lieu d'être une affaire de pratiques religieuses extérieures, la vie en D.ieu revêt un caractère intime et personnel. Pour recevoir l'esprit saint dans son cœur, il faut se convertir, se détourner de soi, quitter le domaine du superficiel, sortir de l'extériorité et entrer non pas en religion mais en soi, où le Père se laisse trouver, avec la ferme assurance qu'il me donnera, au moment opportun, ce que mon cœur désire.
Faire advenir le royaume de D.ieu
Quand il nous arrive de songer à la réalité de la terre nouvelle, de ce royaume de D.ieu que certains appellent paradis, jardin d'Eden ou ciel, nous ne pouvons que nous rendre à l'évidence: nous ne vivons pas, sur cette terre, dans un monde merveilleux.
ll suffit d'allumer un poste de télévision à l'heure des informations pour s'en rendre compte: la haine, la division, la convoitise, l'égoïsme, la peur, la violence, la maladie, la mort... la liste pourrait s'étendre à n'en plus finir.
Et pourtant, pour la plupart, nous semblons porter en nous des rêves incroyables de paix, d'harmonie, d'amour, d'absolu, de douceur, de sérénité, et j'en passe. C'est inscrit au plus profond de notre être, et cet espoir de jours meilleurs motive les actions que nous continuons d'entreprendre dans ce sens, sans nous lasser, jour après jour. Alors pourquoi n'y arrivons-nous pas? Pourquoi, si de nombreux hommes portent en eux de telles attentes, n'y a t-il pas plus de progrès sur le plan de l'ouverture, de l'écoute, de la tolérance, de l'entraide entre les individus ou, à plus grande échelle, sur le plan de la concorde entre les peuples qu'ils forment?
A qui la faute ?
Sans doute cela tient-il en grande partie au mauvais usage de la liberté que font un trop grand nombre de personnes dont les choix sont conditionnés par l'environnement, les intérêts du groupe auquel ils éprouvent le besoin d'appartenir, le manque d'éducation, l'impatience, l'ignorance, l'ambition, les circonstances, la bêtise, la peur,...
Sans doute, cela tient-il aussi au fait que bon nombre de personnes paraissent avoir besoin de se laisser guider par d'autres et démissionnent quand il s'agit de mettre en mouvement sa conscience citoyenne ou de faire preuve d'un sens aigu des responsabilités.
Il apparaît parfois que les motivations de leurs dirigeants ne soient pas forcément le bien commun, ou que le bien ne soit pas compris par tous de la même façon. Certains sont dominés par le goût du pouvoir ou par l'appât du gain. Certains autres sont pris au piège d'alliances et de compromis de toutes sortes qui mettent leurs idéaux de justice et de paix en péril. Enfin, il y a ces responsables qui n'arrivent pas à mobiliser les leurs et qui doivent composer avec l'apathie, le désintérêt, le manque de confiance, la résistance active des uns, l'ambition dévorante des autres, les jalousies, les complots, la mutinerie, le sabotage, les trahisons, etcetera.
On trouve des philosophes qui considèrent les individus comme des agents économiques et parlent de lutte des classes. Des religieux de tous horizons voient le monde comme le champ de bataille d'une guerre sans merci dont l'enjeu serait "le salut des âmes" ou le triomphe de leur D.ieu sur toutes les forces qui lui opposent une résistance. Certains scientifiques ne voient que du chaos quand d'autres observent l'organisation progressive de cellules autour de noyaux communs en fonction de lois régies par un principe arbitraire encore et toujours inconnu.
Acte manqué ou volonté de nuire ?
La bible nous donne une explication à cette tension entre les aspirations au bonheur du plus grand nombre et l'incapacité à atteindre pleinement ce but élevé. Dans son acception hébraïque, le mot "péché" signifie "manquer la cible". Ce n'est pas d'abord faire le mal, mais passer à côté du but.
Les deuxième et troisième chapitres du livre de la Genèse offrent le récit mythologique des causes premières de notre condition humaine. Ce livre ne nous présente pas Eve et Adam comme des êtres malicieux.
Ils ont été dupés par un être spirituel supérieur dont le principal défaut est d'être menteur:
il a osé tordre le compte-rendu de la réalité à tel point que le visage de D.ieu demeure désormais obscur aux yeux d'hommes devenus aveugles.
Victimes de la ruse de cet esprit maléfique qu'on nomme communément le Satan – l’adversaire, l' opposant - les hommes n'en sont pas moins responsables de leur chute. Ils ont usé de la liberté qui leur avait été octroyée
et ils ont choisi d'accorder plus de crédit à la voix du mensonge qu'à la parole donnée par D.ieu, dont la figure est celle d'un père prévenant et libéral.
Dans un livre intitulé "L'homme spirituel", le chinois Watchman Nee nous fait un exposé très précis sur le processus de la chute et du péché.
Partant de la conception tripartite paulinienne de l'individu - cœur, âme et corps - il démontre comment, suite au péché originel,
l'homme s'est, peu à peu, coupé de son centre pour se perdre, ensuite, dans la périphérie; il est passé d'une vie relationnelle avec D.ieu dans les profondeurs de son être
à un égarement dans une vie de plus en plus superficielle qui gravite autour d'un plaisir charnel finalement érigé en absolu.
Selon lui, la dégradation de l'homme peut avoir pour conséquence fâcheuse qu'il perde à tel point le contact avec son humanité originelle, créée pour le bien, qu'il en devienne mauvais
et agisse selon un schéma égoïste et destructeur.
Délivre-nous du mal
Dans les évangiles, Yéchoua doit faire face aux accusations d'hommes religieux de son temps, qui le soupçonnent d'opérer des guérisons par le pouvoir de Baal’zavouv - le diable.
Yéchoua ne nie pas mais, au contraire, dénonce l'existence d'un mauvais esprit (certains diront une sale mentalité ou un état d'esprit négatif).
Le mal qu'il dénonce, auquel il attribue un caractère spécifique, il le désigne tantôt par "Mammon" (l'argent, l'amour de l'argent, des richesses matérielles), tantôt par l'expression "le prince de ce monde" (le gout du pouvoir, la vanité, l'orgueil, etcetera).
Et ce qu'il affirme par-dessus tout, comme par contraste, c'est que l'esprit dans lequel il agit pour le bien des personnes qu'il guérit
a pour noms "altruisme", "compassion", "amour", "miséricorde", "charité".
En fait, Yéchoua vient annoncer le royaume de D.ieu, l'entrée dans une ère nouvelle, centrée sur l'amour de D.ieu et sur la charité envers son prochain, pendant que, soumis au "prince de ce monde" ou à "Mammon", d'autres poursuivent l'exécution d'œuvres de parasitage, de sabotage et de destruction massive du plan conçu par D.ieu dès l'origine.
Cependant, à côté de cet esprit du monde (opposé à l'esprit de concorde et de paix, de confiance et de charité qui l'anime), que Yéchoua ne peut visiblement que dénoncer, et non pas expulser avec autorité, il délivre plusieurs personnes de l'emprise obsessive d'esprits impurs... Là, il n'est plus question d'un concept, d'une réalité intangible, mais, au contraire, d'esprits autonomes ou de groupements d'esprits indépendants, qui sévissent au milieu des hommes et des bêtes.
Nous ne sommes pas seuls
Nombreux sont les récits bibliques ou évangéliques qui relatent l'intervention de créatures spirituelles qui ne possèdent pas de corps corruptible dans l'ordre tridimensionnel dans lequel nous progressons, quoi qu'ils en empruntent parfois l'apparence.
Si, dans la bible, certaines de ces créatures invisibles sont décrites comme ayant des ailes, d'autres semblent pouvoir apparaître sous la forme d'êtres humains qui viennent d'on ne sait où, pour disparaître ensuite on ne sait où. De toute évidence, la frontière entre la dimension que nous appelons "ciel", et l'espace/temps où nous évoluons n'est pas fermée.
L'étymologie du terme "ange", qu'on trouve un peu partout dans la bible, renvoie à un "envoyé" ou un "messager". Les anges ne s'introduisent donc pas dans notre plan de réalité comme on irait faire une promenade dans un parc: ils ne se manifestent que lorsqu'ils sont chargés d'une mission ponctuelle spécifique.
Le chef des pirates
Dans le monde invisible se meuvent également des esprits moins nobles, qu'on appelle généralement des "démons", qui se complaisent dans la négativité et les œuvres de destruction. Dans la culture biblique, on les présente souvent comme des collaborateurs de Lucifer, une personnification du mal.
La bible décrit Lucifer comme un être spirituel narcissique, épris de sa propre splendeur, qui se serait détourné de D.ieu, dont il était le vassal, pour se mettre à son compte. Il aurait débauché une partie des esprits supérieurs du ciel avant d'élire domicile sur la terre, pour y sévir en tant que chef de guerre, avec pour objectif le sabotage, le pillage et la destruction des plans d'amour du créateur.
Nous connaissons tous ces images qui représentent un individu confronté à un choix : au-dessus d’une épaule, un ange blanc lui propose une direction positive pendant que, planté au-dessus de l’autre épaule, un ange noir le tente et essaie de l’attirer vers ses penchants naturels les plus bas. Et si, par malheur, l’individu vient à céder aux suggestions de l’ange des ténèbres, la responsabilité en incombe, sinon totalement au moins en grande partie, à ce diablotin pervers sorti tout droit des enfers pour le faire chuter avec lui dans les flammes de la damnation éternelle.
De haut en bas et de bas en haut
Cette conception offre un modèle dont le mouvement est descendant, du haut vers le bas: les maux que nous connaissons ici-bas auraient pour cause première l'antique serpent, ce Satan, cet opposant, que la femme du récit de la création, dans le livre de la Genèse, désignait déjà comme étant le premier à devoir porter la responsabilité de sa propre transgression.
Mais le mouvement n'est-il pas aussi ascendant? Si le modèle biblique traditionnel attribue la cause première du mal dont nous sommes victimes à un autre, à un être d'autant plus puissant qu'il échappe sournoisement à la vigilance du regard, les partisans des modèles humanistes d'interprétation de la réalité du mal semblent faire de l'homme le seul responsable de son malheur ou de son bonheur. Pour les premiers, le mal, à qui on attribue une identité personnelle, est d'abord au-dehors, posté en embuscade comme un voleur. Pour les seconds, le mal est au-dedans de nous avant d'être manifesté à l'extérieur.
Dans le premier cas, il convient d'être délivré de l'emprise d'un esprit plus fort que soi, avant de pouvoir marcher librement sur la voie de l'amour. C'est là qu'intervient la figure de Yéchoua, incarné pour sauver l'homme du pouvoir du péché et de la mort. Dans le deuxième cas, l'homme est seul maître de son destin: seul responsable de ses actes et du destin qu'il se choisit, l'homme sage adhère à la morale qu'il se propose de respecter. Cette solution apparaît, sans plus ni moins, comme éminemment volontariste.
Les deux plateaux du balancier
Personnellement, il m'a paru utile de considérer attentivement chacun de ces deux points de vue sans les opposer; cela m'a permis de trouver l'équilibre entre confiance en D.ieu et volonté individuelle pour progresser sur le plan moral.
Dans le même temps, je crois en Yéchoua; pas seulement à son enseignement moral, à sa doctrine, mais aussi à la valeur réelle de son sacrifice expiatoire sur le bois de la croix. Par lui, je suis réconcilié avec D.ieu, avec-moi-même, et dégagé des chaînes de la mort spirituelle. Par lui, je suis libéré des puissances de mort qui me tirent vers le bas. Par lui, ma dette est effacée, les bouliers-compteurs sont remis à zéro: je suis gracié. Il ne s'agit pas d'un concept intellectuel mais d'une réalité que certains appellent faire l'expérience de la paix de D.ieu.
Toutefois, cette grâce dont je suis le bénéficiaire ne m'autorise pas à faire ensuite tout et n'importe quoi.
Cela ne m'affranchit pas du devoir de faire de gros efforts pour m'améliorer, pour progresser sur la voie de la conversion: avec l'aide du "saint-esprit", il me faut travailler à mon avancement moral.
Pas de laxisme ni de repos sur les lauriers qui couronnent la tête de mon rédempteur! Quand Yéchoua sauve la vie d'une femme surprise en flagrant délit d'adultère,
il la renvoie avec ces mots: Va, et désormais ne pèche plus.
On ne va pas à l'église: nous sommes l'église
Un musulman peut dire « Je vais à la mosquée » tant il est évident que la mosquée désigne un bâtiment destiné à la prière des fidèles de l'Islam. Mais la communauté des musulmans ne s'appelle pas mosquée. Dans le monde juif, en revanche, la synagogue, «knesset» en hébreu, désigne littéralement une assemblée. Il faut d'ailleurs qu'un minimum de dix hommes adultes soit présent pour tenir un service liturgique.
En Occident, où se dressent tant de magnifiques cathédrales, le bâtiment où se rassemblent les croyants a fini par
prendre une telle importance qu'on en est venu à oublier que l'église, c'est nous et non pas un bâtiment où se déroulent des cultes
liturgiques dont nous ne serions que les spectateurs occasionnels. On ne va pas à l'église: nous sommes l'église.
Il n'est pas question d'activités ponctuelles mais d'une réalité permanente. On ne se situe pas d'abord dans l'agir mais dans l'être.
Cet essentiel qui est invisible pour les yeux
Sur le plan symbolique, Yéchoua est la tête, le chef, indissociable d'un corps constitué de croyants que nous appelons l'église.
Dès lors, si nous sommes l'église, si nous faisons partie intégrante de ce corps organisé comme une armée pour mener le combat de la foi,
nous sommes solidaires les uns des autres, et non pas des voisins, des coreligionnaires, ni même des amis, des camarades ou des confrères.
Nous ne faisons pas partie d'un club ou d'une association dont on pourrait se désengager au gré des convenances personnelles ou des circonstances.
Il n'y a pas, non plus, diverses églises, de multiples dénominations et, dès lors, plusieurs têtes. Il n'y a qu'un seul chef, Yéchoua, et nous qui formons son corps.
Ensemble, nous sommes UN, indivisible, indissociable. Nous détacher de ce corps dont l'ampleur et la valeur nous dépassent reviendrait également à perdre la tête.
Être - et non pas faire. N'est ce pas là l'indication on ne peut plus claire laissée par l'évocation de ce dialogue entre Yéchoua et une femme de Samarie tel qu'il nous a été relaté dans l'évangile selon Jean? Avec l'avènement du royaume de D.ieu manifesté dans la personne de Yéchoua et l'effusion du saint-esprit dans les cœurs, dont nous devenons le temple, la question du lieu de culte est devenue obsolète: ce n'est plus sur telle ou telle autre montagne que se trouve le temple de la présence de D.ieu. Ce n'est plus dans un lieu sacré qu'il convient de vénérer D.ieu par des rites extérieurs. C'est au-dedans de nous, au niveau de notre être profond, que tout se passe.
« ...sur la terre comme au ciel »
A la fin des temps, dans laquelle nous sommes depuis que l'esprit saint a été répandu sur tous ceux qui croient,
l'évangile du royaume nous presse de ne pas rechercher le divin ailleurs qu'au-dedans de nous.
Si on vous dit il est ici ou là, n'y allez pas.
nous est-il recommandé au chapitre 24 de l'évangile selon Matthieu.
Par ailleurs, Paul nous rappelle que nous sommes, chacun en particulier, le temple du saint-esprit. (Eph 2:19-22)
Cela implique aussi que nous soyons consacrés au service de D.ieu et sanctifiés par celui qui habite au-dedans de nous.
Notre adoration se pratique en esprit et en vérité, comme Yéchoua l'a d'ailleurs annoncé à la femme de Samarie.
Selon les recommandations de notre maître, notre prière est à faire dans le secret de notre chambre et non pas sur les places publiques.
Partout, il est question de vie spirituelle, d'affaire de cœur, de vie intérieure, d'intimité, de discrétion, de silence et de secret, où, hormis notre conscience personnelle, seul D.ieu dispose du libre accès. Pas de triomphalisme, pas de fanfaronnade, pas de parade, pas de spectacle, pas d'exhibitionnisme, pas de publicité. Qui n'a pas déjà entendu parler de personnes qui se définissent comme suit: «Je suis croyant(e) non pratiquant(e)». N'est-ce pas un non-sens? Beaucoup vont à l'église mais ne pratiquent pas la vie en D.ieu, d'autres fuient les églises mais pratiquent pourtant admirablement la foi, l'espérance et la charité, parfois même à l'insu de tous. Ces derniers font partie de l'église, alors que les premiers vont à l'église sans en être. Ces derniers sont des semences en germination alors que les premiers ne sont que des cailloux inertes.
Un pour tous, tous pour Un !
Dans cette église vivante, nous sommes loin des rituels pompeux, du décorum, des cérémonies liturgiques codifiées à l'extrême, du théâtre mystique. Nous n'y remplissons pas nos devoirs pour être en règle avec D.ieu ou, pire encore, pour mériter la faveur de certains de nos coreligionnaires. Cette communauté informelle des croyants est une école de vie au sein de laquelle apprendre à aimer: aimer D.ieu, aimer la vie, s'aimer soi-même et se laisser aimer par l'autre pour, enfin, bien plus que le tolérer, respecter l'autre, apprendre à le servir.
Phil EDENGARDEN © 2018