Qui sont les yéniches?

Gens du voyage, les Yéniches forment un peuple nomade d'une grande mixité culturelle dont les origines sont européennes.

Les Yéniches sont présents dans plusieurs pays d'Europe.

A titre indicatif, la majorité des 200.000 Yéniches qui vivent en Allemagne sont à moitié ou complètement sédentaires; 29.000 sont des nomades, c'est-à-dire qu'ils vivent et voyagent toute l'année dans des caravanes.

La Hongrie compte 60 000 Yéniches dont un grand nombre est sédentarisé. En Suisse, il y a 50.000 Yéniches, dont 3.500 nomades.
L'Autriche compte 35.000 Yéniches, dont 3.500 nomades permanents.

En France et aux Pays-Bas, on n'en connaît pas le nombre, alors qu'on peut compter 7.000 Yéniches itinérants en Belgique et 2.800 au Grand-duché du Luxembourg.

Seule la Suisse reconnaît le peuple yéniche comme une minorité nationale.

Des racines et des ailes

Alors que les Roms (Tsiganes, Manouches, Gitans, …) sont originaires de l'Inde du Nord, les Yéniches seraient, selon une étude récente, les descendants des premiers Celtes qui vivaient en Europe Centrale selon un mode de vie nomade.

De ces lointains ancêtres, les Yéniches auraient notamment conservé la pratique des métiers traditionnels du métal : fondeur de cloches, étameur, forgeron,…

Que ses racines soient réelles ou supposées, le peuple yéniche des origines s'est mélangé à d'autres populations nomades au fil des siècles. La mixité culturelle est, dès lors, une caractéristique majeure de l'identité yéniche.

Du Moyen Âge au 20ème siècle

En 1037 et en 1574, des décrets officiels laïques et ecclésiastiques attestent qu'il existait des Voyageurs, des Mendiants et des gens libres itinérants, appelés à l'époque «Yienische» dans la zone autour de l'actuel Fribourg.

Depuis la seconde moitié 19ème siècle, entre autres à cause de la sédentarisation, le nombre de voyageurs a commencé à décroître.

Bien qu'ils aient été socialement considérés par les communistes comme partie du sous-prolétariat non intégrable dans la société, ils ont trouvé dans les écrits des anarchistes des années 1920 et des non-conformistes une reconnaissance historique en tant que vivant exemple d'une contre-société autonome et non conventionnelle.

Sédentérisation et extermination

On se souvient également de l'oeuvre suisse Pro Juventute, qui, entre 1926 et 1973, a systématiquement enlevé les enfants des gens du voyage. Ces derniers ont été placés en familles d'accueil, en foyer, en cliniques et en institutions afin d'être sédentarisés.

Sous le régime nazi, les publications du bureau de Santé du Reich et les écrits des théoriciens du racisme n'ont pas apparenté les Yéniches aux Roms mais ils les ont considérés comme asociaux. Ils ont été déportés dans les camps de concentration, astreints à des travaux forcés et souvent massacrés.

Les Yéniches souffrent encore aujourd'hui des exactions du siècle passé; trop souvent, dans l'opinion publique, on véhicule des images négatives qui ne reflètent en rien des habitudes culturelles et sociales qui mériteraient d'être mises en valeur.

Spécificités de la culture yéniche

• Un idiome autonome, la langue yéniche, structurée sur la grammaire allemande, avec un lexique composé principalement de mots alsaciens, hebreux, romani.
• Une organisation en clans familiaux, avec une transmission traditionnelle des valeurs et des connaissances, des parents aux enfants.
  L'accumulation de biens importe peu; l'essentiel est vivre ensemble et de subsister au jour le jour.

• Le voyage dans la tête, le mode de vie nomade et des activités professionnelles saisonnières et variées : rempailleur, rémouleur, vannier, forain, colporteur, brocanteur, etcetera.
• La religion chrétienne, qui structure la vie familiale, les pèlerinages (Broc, Einsiedeln, Banneux) ou les conventions des évangélistes.
• Comme beaucoup de peuples nomades, les Yéniches ont une forte culture musicale et sont souvent d'excellents musiciens qui jouent en général uniquement à l'oreille. Leurs instruments traditionnels sont majoritairement l'accordéon, l'harmonica et les cuillères.