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Dix shekels et un costume trois pièces

Un enseignement de PARIS REIDHEAD - adaptation française: © Phil Edengarden

Dans cette adaptation française d'un sermon célèbre, Paris Reidhead (1919 - 1992) partage ses convictions personnelles au sujet de l’évangélisation telle qu’on la pratique encore trop souvent à l’heure actuelle.

Pour cet évangéliste de renom, nous nous sommes laissés contaminer par l’humanisme ambiant : Dieu est devenu un moyen utile pour parvenir à nos objectifs de prospérité et de bonheur au lieu d’être le seul but à atteindre. Le constat est alarmant : nous ne nous tournons plus vers lui qu’à des fins égoïstes. Au fond, notre amour de Dieu est loin d’être tout à fait sincère et désintéressé.

Or, il nous le rappelle, la finalité de l’existence n'est pas le bonheur de l'homme, mais la gloire de Dieu.

INTRODUCTION

Cette conférence est un commentaire du récit que nous trouvons à la fin du livre des Juges, aux chapitres 17 et suivants. Je l’ai intitulé : « Dix shekels et un costume trois pièces. »

En voici le contexte : les Amoréens bloquent l’accès à Jérusalem aux membres de la tribu de Dan, ce qui oblige ces derniers à résider sur la montagne d’Ephraïm, où ils sont à l’étroit. Quelle tristesse de voir le peuple de Dieu se laisser acculer dans une position aussi inconfortable par une nation païenne, vous ne trouvez pas ?

Abordons dès à présent le récit tel qu'il nous est relaté dans le Livre des Juges : Juges 17:1 à 18:6 et Juges 18:14-21.

L'histoire de Mica

« Il y avait un homme de la montagne d'Éphraïm, nommé Mica. Il dit à sa mère: Les mille et cent sicles d'argent qu'on t'a pris, et pour lesquels tu as fait des imprécations même à mes oreilles, voici, cet argent est entre mes mains, c'est moi qui l'avais pris. Et sa mère dit: Béni soit mon fils par l'Éternel! Il rendit à sa mère les mille et cent sicles d'argent; et sa mère dit: Je consacre de ma main cet argent à l'Éternel, afin d'en faire pour mon fils une image taillée et une image en fonte; et c'est ainsi que je te le rendrai. Il rendit à sa mère l'argent. Sa mère prit deux cents sicles d'argent. Et elle donna l'argent au fondeur, qui en fit une image taillée et une image en fonte. On les plaça dans la maison de Mica. Ce Mica avait une maison de Dieu; il fit un éphod et des théraphim, et il consacra l'un de ses fils, qui lui servit de prêtre. En ce temps-là, il n'y avait point de roi en Israël. Chacun faisait ce qui lui semblait bon. »

« Il y avait un jeune homme de Bethléem de Juda, de la famille de Juda; il était Lévite, et il séjournait là. Cet homme partit de la ville de Bethléem de Juda, pour chercher une demeure qui lui convînt. En poursuivant son chemin, il arriva dans la montagne d'Éphraïm jusqu'à la maison de Mica. Mica lui dit: D'où viens-tu? Il lui répondit: Je suis Lévite, de Bethléem de Juda, et je voyage pour chercher une demeure qui me convienne. Mica lui dit: Reste avec moi; tu me serviras de père et de prêtre, et je te donnerai dix sicles d'argent par année, les vêtements dont tu auras besoin, et ton entretien. Et le Lévite entra. Il se décida ainsi à rester avec cet homme, qui regarda le jeune homme comme l'un de ses fils. Mica consacra le Lévite, et ce jeune homme lui servit de prêtre et demeura dans sa maison. Et Mica dit: Maintenant, je sais que l'Éternel me fera du bien, puisque j'ai ce Lévite pour prêtre. »

« En ce temps-là, il n'y avait point de roi en Israël; et la tribu des Danites se cherchait une possession pour s'établir, car jusqu'à ce jour il ne lui était point échu d'héritage au milieu des tribus d'Israël. Les fils de Dan prirent sur eux tous, parmi leurs familles, cinq hommes vaillants, qu'ils envoyèrent de Tsorah et d'Estaol, pour explorer le pays et pour l'examiner. Ils leur dirent: Allez, examinez le pays. Ils arrivèrent dans la montagne d'Éphraïm jusqu'à la maison de Mica, et ils y passèrent la nuit. Comme ils étaient près de la maison de Mica, ils reconnurent la voix du jeune Lévite, s'approchèrent et lui dirent: Qui t'a amené ici? Que fais-tu dans ce lieu? Et qu'as-tu ici? Il leur répondit: Mica fait pour moi telle et telle chose, il me donne un salaire, et je lui sers de prêtre. Ils lui dirent: Consulte Dieu, afin que nous sachions si notre voyage aura du succès. Et le prêtre leur répondit: Allez en paix; le voyage que vous faites est sous le regard de l'Éternel. »

« Alors les cinq hommes qui étaient allés pour explorer le pays de Laïs prirent la parole et dirent à leurs frères: Savez- vous qu'il y a dans ces maisons-là un éphod, des théraphim, une image taillée et une image en fonte? Voyez maintenant ce que vous avez à faire. Ils s'approchèrent de là, entrèrent dans la maison du jeune Lévite, dans la maison de Mica, et lui demandèrent comment il se portait. Les six cents hommes d'entre les fils de Dan, munis de leurs armes de guerre, se tenaient à l'entrée de la porte. Et les cinq hommes qui étaient allés pour explorer le pays montèrent et entrèrent dans la maison; ils prirent l'image taillée, l'éphod, les théraphim, et l'image en fonte, pendant que le prêtre était à l'entrée de la porte avec les six cents hommes munis de leurs armes de guerre. »

« Lorsqu'ils furent entrés dans la maison de Mica, et qu'ils eurent pris l'image taillée, l'éphod, les théraphim, et l'image en fonte, le prêtre leur dit: Que faites-vous? Ils lui répondirent: Tais-toi, mets ta main sur ta bouche, et viens avec nous; tu nous serviras de père et de prêtre. Vaut-il mieux que tu serves de prêtre à la maison d'un seul homme, ou que tu serves de prêtre à une tribu et à une famille en Israël? Le prêtre éprouva de la joie dans son cœur; il prit l'éphod, les théraphim, et l'image taillée, et se joignit à la troupe. Ils se remirent en route et partirent, en plaçant devant eux les enfants, le bétail et les bagages. »

Le Lévite

Ce récit figure dans un appendice ajouté au Livre des Juges. Il nous permet de mieux connaître la situation sociale de cette période de l’histoire d’Israël, alors qu’il n'y avait pas de roi en Israël et que chaque homme faisait tout ce qui semblait bon à ses propres yeux.

Mica fait partie de ce groupe de personnes qui sont empêchées de se rendre à Jérusalem. Pour des raisons que nous pouvons associer à de la piété, il décide de bâtir, sur sa propriété, une réplique du Temple de Jérusalem. Il construit donc ce qu'il croit être un édifice convenable avec tout son mobilier, y compris un éphod, mais il y adjoint également des objets de culte païen, dont les théraphim, des figurines proscrites par la Loi. Comme vous le voyez, il se bricole une petite religion à lui, en empruntant ce qu’il connaît de la révélation donnée par Dieu et en y adjoignant ce qu’il connaît des pratiques religieuses locales, pensant, par là, que cela va lui attirer la bonne fortune.

Ensuite, lorsqu’un jeune prêtre itinérant arrive de Bethléem, de Juda, il ne peut plus contenir sa joie. Ce jeune homme est un lévite, habilité au service du Temple. Insatisfait par le mode de vie réservée à tout Lévite de sa classe, celui-ci est pris de démangeaisons et, pensant trouver l’herbe plus verte ailleurs, il se met en route, à la recherche d’une situation plus honorable.

Lorsqu’il arrive à la maison de Mica, il considère comme une aubaine l’accueil qui lui est fait. Et Mica fait un marché avec lui. Il dit: « Si tu acceptes de te mettre au service de ma maison, de remplir les fonctions de père spirituel et de prêtre, alors je te donne dix shekels par année et je pourvois aux vêtements dont tu as besoin et à ton entretien.» C’est assez confortable pour lui, aussi décide-t-il de rester et de s’accommoder de ce mélange de religion et d'idolâtrie tel que cela est pratiqué dans cette maison.

Entretemps, les Danites n’ont pu chasser les Amoréens de leurs terres, qui se sont montrés par trop résistants. En quête de terres où s’établir, quelques membres de cette tribu passent par la maison de Mica. Ils y font la connaissance du jeune lévite, qui s’avère être un bon augure. Effectivement, à peine ont-ils reçu la bénédiction qu’il prononce sur eux, qu’ils découvrent les terres des Sidoniens de Laïs, un peuple pacifique et sans protection. Lorsqu’ils reviennent en masse pour conquérir cette région voisine de la maison de Mica, ils souhaitent mettre toutes les chances de leur côté et ils proposent au jeune lévite de leur servir, en quelque sorte, de mascotte.

Entrant dans la maison de Mica, ils réquisitionnent tout ce dont ils pensent avoir besoin pour garantir le succès de leur entreprise, y compris l’éphod et les théraphim. C’est un sale coup pour Mica ! Et remarquez avec quelle facilité le jeune lévite arrive, lui, à retourner aussitôt sa veste et à s’adapter à la nouvelle situation. Il est incroyable de voir à quel point il est flexible et avec quelle rapidité il s’accommode, sans aucune peine, de ces changements brutaux. Sans doute fait-il appel à sa raison et parvient-il à voir à quel point il est plus intéressant d’être prêtre pour une tribu que pour une seule famille.

Sans véritable crise de conscience, il s’adapte à la situation et ne bronche pas lorsque ses nouveaux employeurs s’emparent de tout le mobilier de la chapelle érigée à prix d’or par Mica. De plus, faisant preuve d’une certaine sagesse, plutôt que de se montrer à l’avant ou à l’arrière de la troupe, il se place judicieusement en son milieu. Ainsi, si Mica envoie jamais un de ses serviteurs pour se venger et le tuer, il se trouve en sécurité, entouré des soldats de la tribu de Dan.

Pragmatisme

Comment appeler cette manière de procéder ? Et de quelle manière cela peut-il être appliqué à la génération actuelle ? Doit-on parler de religion utilitariste ou de christianisme opportuniste? Qu’en est-il de la conception d’un Dieu utile ? En fait, je voudrais attirer votre attention sur le fait que, de nos jours, la principale ligne de conduite est le pragmatisme. Comprenez-vous ce que je veux dire par pragmatisme ? « Pragmatisme » veut dire : « si cela fonctionne, c’est que c’est vrai » ou « si cela réussit, c’est que c’est bon ». Et le moyen utilisé pour s’assurer du bien fondé de toutes les pratiques qu’on adopte, de tous les principes qu’on énonce, de toutes les vérités qu’on dispense, est de se poser la question suivante : « Cela fonctionne-t-il ? ». Si cela fonctionne, c’est que c’est vrai ou que c’est bon.

En parcourant la Bible, Il nous faut pourtant constater que les hommes honorés par Dieu ont été, pour la plupart, des échecs cuisants sur le plan pragmatique. Prenons quelques exemples.

Noé. Bien que doué pour la fabrication de l’arche, la principale occupation de Noé n'était pas la construction navale, mais la prédication. En tant que prédicateur, ce fut un flop. Sa femme, ses trois enfants et leurs épouses sont les seuls résultats qu’il ait obtenus. Sept convertis en 120 ans, cela ne semble pas avoir été particulièrement efficace. La plupart des administrateurs d’organisations missionnaires actuelles lui auraient demandé de se retirer au terme de la première décennie.

Jérémie. Un peu plus tard est apparu un autre homme de Dieu, du nom de Jérémie. S’il avait fallu mesurer le succès de Jérémie sur un plan strictement statistique, ses résultats en tant que prédicateur auraient sans aucun doute été à peu prés nuls. Il parvint à se mettre tout le monde à dos : le peuple, la monarchie et même « l’association des pasteurs », qui vota contre lui et ne voulut plus rien avoir à faire avec lui. Sur le plan pragmatique, son ministère fut un raté. Le seul qu’il sembla pouvoir contenter fut Dieu... Mais pour le reste, ce fut un échec retentissant.

Jésus. Selon les normes actuelles, le ministère du Seigneur Jésus-Christ lui-même fut un parfait raté. Jamais il ne parvint à mettre en place une église locale ou à fonder une quelconque dénomination. Il ne put bâtir aucune école biblique ni mettre en place une œuvre missionnaire. Il ne put ni écrire ni faire imprimer le moindre ouvrage d’édification. Pourtant, il prêcha durant trois années consécutives, guérit des centaines de personnes, en nourrit des milliers. Néanmoins, au bout du compte, il n’en resta que 120 au jour de la Pentecôte. Selon les normes établies par la majorité des églises ou des organisations missionnaires de notre génération, le travail de notre Seigneur fut un échec.

Ambition

La question qui découle naturellement de ces observations est la suivante : sur base de quels critères pouvons-nous évaluer la qualité de notre vie chrétienne ? Comment définir la réussite ou l’échec de notre service d’église ?

Mais la vraie question à poser est tout autre : Dieu est-il une fin en soi, le but ou n’est-il qu’un moyen pour atteindre un objectif déterminé ? Il s’agit-là d’une décision à prendre dès le début de votre vie chrétienne : allez-vous considérer Dieu comme la finalité ou comme un instrument. Notre génération est prête à honorer n’importe quelle personne qui donne l’apparence de la réussite, sans considérer si, oui ou non, ce problème est réglé ou pas. Tant que cette personne parvient à faire bouger les choses, tant que « ça marche », notre génération est prête à reconnaître en elle un modèle à suivre impérativement.

Ce que nous devons nous demander, dès le début de notre ministère, de notre pèlerinage, de notre marche à la suite de Jésus est ceci : Allons-nous être des Lévites qui servent Dieu pour dix shekels et un costume ? Allons-nous servir les hommes, au nom de Dieu, au lieu de servir Dieu lui-même ?

Car même s’il est Lévite et qu’il exécute des activités religieuses, le jeune homme de notre récit est, en réalité, à la recherche d'une bonne situation. Une situation susceptible de lui apporter la reconnaissance des autres, une situation qui lui donne d’être accepté, une situation qui lui procure la sécurité, une situation où il peut briller dans son domaine de prédilection. Son secteur est celui des pratiques religieuses, donc le mieux est que cette place soit en lien direct avec la religion. Il est donc très heureux lorsque Mica lui offre l’occasion de se réaliser. Mais il estime qu’il vaut bien dix shekels et un costume, et il est prêt à se vendre à quiconque peut lui offrir cela. Si quelqu'un d’autre lui avait proposé plus d’avantages, il est certain qu’il se serait vendu plutôt à lui. Ce jeune Lévite se donne donc de l’importance, accorde une certaine valeur à ce qu’il fait et il va jusqu’à monnayer son service religieux. En réalité, il est ambitieux et Dieu est devenu un moyen pour atteindre ses objectifs.

Humanisme

Ce schéma ne vous est-il pas familier ? Oui, voilà où nous en sommes à l’heure actuelle. Maintenant, pour comprendre comment nous sommes tombés si bas, il nous faut aller voir ce qui s’est passé 150 plus tôt. Juste après le grand réveil dont Charles Finney fut une des chevilles ouvrières, alors que l'Esprit de Dieu s’est merveilleusement répandu sur certaines régions des Etats-Unis, survient une attaque ouverte contre la foi chrétienne.

Darwin vient d’énoncer sa théorie de l'évolution et certains philosophes, qui ont adopté le point de vue évolutionniste, s’attaquent ouvertement aux théologiens créationnistes. A partir des années 1850, Satan lance donc une attaque frontale et déclare ouverte la « saison de la chasse » contre le Livre et contre l'Église. Voltaire déclare qu'il va, de son vivant, voir la Bible devenir une relique, juste bonne à être reléguée dans les musées : les arguments qu’il s’apprête à fournir vont en saper toute forme de crédibilité.

A partir de là, l’humanisme, un courant philosophique né à la renaissance est remis au goût du jour. Voici comment nous pouvons définir ce point de vue : on désigne par « humanisme » toute pensée qui met le développement des qualités essentielles de l'être humain au premier plan de ses préoccupations. Autrement dit, la raison d’exister est le bonheur de l'homme.

Si vous adoptez ce mode de pensée humaniste, le salut devient, ni plus ni moins, un moyen parmi d’autres de tirer tout le bonheur possible de la vie. Et si, par-dessus le marché, vous vous laissez influencer par quelqu'un comme Nietzsche, qui affirme que, dans la jungle de ce monde, seul le pouvoir permet d’atteindre au bonheur auquel aspirent tous les hommes, pouvez-vous encore ambitionner autre chose que le pouvoir et la domination ? C’est ce qu’a compris un dictateur comme Adolf Hitler qui, en exploitant habilement les principes et les lignes directrices de la pensée de Nietzsche, a pu dire à son peuple : « Nous sommes destinés à gouverner le monde. Par conséquent, tous les moyens que nous pourrons utiliser pour atteindre cet objectif seront salutaires. »

Toujours selon le crédo de l'humanisme, selon lequel la finalité de l’existence est le bonheur de l'homme, un autre peut dire : « Eh bien, non ! Le bonheur ne se trouve pas dans la prise de pouvoir sur les gens : seules les expériences sensuelles procurent le bonheur. » Avez-vous entendu parler de l’hédonisme ? Il s’agit d’une doctrine philosophique grecque selon laquelle la recherche du plaisir et l'évitement du déplaisir constituent l'objectif de l'existence humaine. Et puisque l'homme est essentiellement un animal « glandulaire » – les moments d'extase les plus forts provenant de l'exercice de ses glandes – le salut consiste à trouver la façon la plus agréable qui soit pour arriver à satisfaire cette composante de la personne.

John Dewey, un philosophe américain influent dans le domaine de l'éducation, a réussi à convaincre les enseignants qu'il n'y avait pas de normes absolues. Les enfants ne doivent être soumis à aucune norme particulière : la finalité de l'éducation n’est-elle pas tout simplement de permettre à l'enfant de s'exprimer et de se développer sur base de ce qu'il est et de trouver son bonheur en faisant ce qu'il veut ? De là vient cette anarchie culturelle que nous connaissons actuellement, où chaque homme peut faire tout ce qui semble bon à ses propres yeux.

Dans ces circonstances, nous ne voulons plus que Dieu règne sur nous et qu’il régisse notre vie avec des préceptes moraux. La Bible doit être mise au rancart, désavouée et réfutée : n’a-t-elle pas été écrite par des hommes ? Pour détrôner Dieu, il suffit de dire qu’il n'existe pas. Si certains scientifiques disent ne pas pouvoir nier son existence, cela ne sert à rien puisque Dieu ne peut avoir de relation personnelle avec aucun individu, c’est impossible ! Quant à Jésus, c’est ou mythe ou un grand homme parmi d’autres. La finalité ultime de l’existence étant le bonheur, il revient donc à chacun d’établir lui-même les normes de son bonheur.

Libéralisme ou fondamentalisme ?

Retournons en 1850. Bien que sérieusement remise en question par les courants de pensée philosophiques de cette époque, la religion continue d’exister, d’autant plus que beaucoup de gens en ont fait leur moyen de subsistance. L'église est alors divisée. Deux grands groupes se dessinent.

Les libéraux

Le premier groupe est constitué de chrétiens libéraux. Ceux-ci ont intégré les philosophies humanistes et essayent de faire preuve de réalisme. Ils disent à leurs contemporains : « Ha, ha… Nous ne savons pas s'il y a un Ciel, nous ne savons pas s’il y a un Enfer, mais nous savons ceci : vous allez devoir vivre 70 ans sur cette terre ! Nous connaissons les bienfaits de la poésie, des pensées élevées et des nobles aspirations. Venir à l'église le dimanche peut être bon pour vous : nous vous ferons découvrir de belles poésies, nous vous ferons entendre de la musique sacrée, nous vous proposerons quelques adages pleins de sagacité et nous vous dispenserons des principes utiles pour bien réussir sa vie.

Nous ne pouvons rien garantir sur ce qui va se passer quand vous allez mourir, mais nous pouvons toutefois vous dire que si vous venez fidèlement à l’église chaque semaine et si vous nous donnez de l’argent, nous allons poser des amortisseurs sur votre voiture, ce qui ne manquera pas de rendre votre voyage plus confortable. Soyez certains que nous allons tout mettre en œuvre pour vous tranquilliser et vous rendre heureux tant que vous êtes en vie. Telle est l'essence du libéralisme et ce n’est simplement rien d’autre que d'essayer de mettre un peu de sucre dans du café amer pour l’adoucir. La finalité de toute chose est le bonheur de l'homme.

Les fondamentalistes

Un deuxième groupe se distingue dans cette atmosphère générale teintée d'humanisme philosophique : les fondamentalistes. Ils affirment croire fermement en l'inspiration de la Bible, en la divinité de Jésus-Christ, en l’existence du Ciel et de l’Enfer! Ils professent la mort, l'ensevelissement et la résurrection du Christ! Mais l'humanisme est comme une infection, une épidémie qui se répand partout : son odeur nauséabonde contamine l’air ambiant, si bien que, peu à peu, les convictions des uns et des autres en viennent à s’étioler avec le temps.

La déclaration de foi des fondamentalistes leur permet de s’identifier et de se démarquer des mouvements humanistes. Mais en quelques générations, cela dérape. La première génération affirme haut et fort : « Ce sont ces choses qui font de nous des fondamentalistes ». Jusque là tout va bien. La deuxième génération en vient à dire : « Voici comment on devient fondamentaliste : Croyez en l'inspiration de la Bible! Croyez en la divinité du Christ! Croyez qu’il a été mort, qu’il a été enseveli et qu’il est ressuscité! Ainsi pouvez-vous devenir fondamentaliste comme nous. » Et le chemin n’est pas long jusqu'à notre génération, où le salut est offert pour l’éternité à quiconque peut acquiescer par un « oui » intellectuel à quelques déclarations doctrinales qui lui sont proposées sur un plateau. Dès que vous avez pu dire « Amen » ou « Alléluia » quatre ou cinq fois là où il faut, quelqu'un vous serre la main, vous donne une tape dans le dos, vous fait un large sourire et vous le confirme : «Frère, vous êtes sauvé! »

La finalité de la religion

La différence fondamentale entre les grandes tendances libérales et fondamentalistes, telles que nous les connaissons depuis 150 ans, peut être caricaturée à peu près comme suit : le libéral affirme que la finalité de la religion est de rendre l'homme heureux pendant qu'il est en vie sur cette terre, tandis que le fondamentaliste affirme que la finalité de la religion est de rendre l'homme heureux quand il sera mort. Mais dans les deux cas, la finalité de la religion, c’est le bonheur de l'homme.

Les libéraux affirment : « Par le changement sociopolitique, avec les collectes de fonds et les caisses d’entraide, nous allons en finir avec l'alcoolisme, la toxicomanie et la misère humaine. Nous allons créer le ciel sur la terre et vous apporter du bonheur tant que vous êtes en vie! Nous ne savons rien de ce qui vient après, mais nous voulons que vous soyez heureux dès à présent ! » Mais le choc terrifiant lorsque survient une guerre mondiale ou une catastrophe naturelle, car les libéraux n’ont pas de réponse à apporter à la question de la souffrance humaine.

Le message des fondamentalistes s’est laissé contaminer peu à peu par l'humanisme. A présent, nous entendons quelque chose qui ressemble à ceci: « Acceptez Jésus afin d’avoir accès au Ciel ! Vous ne voulez tout de même pas finir en Enfer, où tout est vil, sale et méchant alors que le Ciel c’est si beau ! Venez donc à Jésus dès à présent, pour pouvoir aller au Ciel ! » Ce discours est aussi égoïste que celui que pourrait tenir, à la terrasse d’un café, un malfaiteur soucieux de convaincre un complice de braquer une banque pour obtenir de l’argent sans devoir travailler ! Il y a une manière de « lancer un appel » aux pécheurs qui a tout du complot visant à voler la caisse d’une station service à l’heure de la fermeture.

L'humanisme est, me semble-t-il, la plus meurtrière et la plus désastreuse de toutes les puanteurs philosophiques qui se soient immiscées dans notre monde à travers la grille qui nous sépare de la fosse de l'Enfer. Il a imprégné une grande partie de notre religion. Et il est en parfaite opposition avec le christianisme! Et dans notre texte du Livre des Juges, nous voyons Mica faire tout ce qu’il faut pour avoir une petite chapelle, pour avoir un prêtre à demeure, pour prier tout à son aise, pour montrer à Dieu sa piété, tout cela parce que « Je suis certain que le Seigneur va me faire du bien ! » ET C'EST ÉGOÏSTE ! ET C'EST PECHE ! Et le Lévite arrive et s’accorde parfaitement avec tout cela ! Parce qu'il veut une place ! Parce qu’il veut dix shekels, un costume tout neuf et de la nourriture ! Et afin d’obtenir tout ce qu’ils veulent, ces deux hommes font un marché : ils troquent Dieu contre dix shekels et un costume trois pièces !

TELLE EST LA TRAHISON QUE DIEU A CONNUE DE TOUS TEMPS. Et c'est la trahison dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Et je ne vois pas comment Dieu va apporter le réveil à cela, tant le réveil chrétien est en opposition totale avec cet humanisme puant qui se perpétue « au nom du Christ » dans notre génération actuelle ! Et qu’est-ce que c'est ? C'est ce postulat philosophique qui dit que la finalité de tout est le bonheur de l'homme. Ce poison mortel a été soigneusement recouvert par du vernis de couleur évangélique et enrobé dans un parfum de doctrines bibliques et , au final, cela nous a conduits à croire que Dieu règne dans le Ciel pour le bonheur de l'homme, que Jésus-Christ s'est incarné pour le bonheur de l'homme, que tous les anges existent pour le bonheur de l’homme… Tout est là pour le bonheur de l'homme ! Et je vous dis que ce n’est pas chrétien ! Vous allez sans doute me demander : l’homme n'est-il pas destiné au bonheur ? Dieu n'a-t-il pas l'intention de rendre l'homme heureux ? Oui. Mais ce bonheur est à considérer comme un sous-produit, et non comme étant le produit principal.

Révérence pour la vie

Le Docteur Schweitzer était un homme bon et brillant, admiré par les penseurs les plus confus de notre temps. Il était philosophe, médecin, musicien, compositeur. Mais le docteur Schweitzer n'était pas plus chrétien qu’une mine de crayon, et il aurait pris pour une insulte personnelle qu’on dise de lui qu'il fut chrétien. Il ne considérait pas le Christ comme étant digne d’un quelconque intérêt pour sa philosophie ou pour sa vie. Le Docteur Schweitzer était un humaniste.

Assis à la proue d’un bateau qui remontait le large fleuve Congo, le Docteur Schweitzer observait les fonctionnaires du gouvernement belge tirer à la carabine sur les crocodiles vautrés dans la boue des berges du fleuve. C’étaient des chasseurs expérimentés et c’était là leur sport. Le but était d’arriver à tuer le plus de crocodiles possibles. N’était-ce pas un gaspillage de vie colossal ! Et c'est dans la confrontation avec la dure réalité de la chasse au crocodile que Schweitzer a perçu ce qui allait caractériser l’essence de sa pensée philosophique. Et savez-vous ce que c'est ? Cela tient en quatre mots : Révérence pour la vie ! Que cela soit la vie des crocodiles, la vie humaine, et toutes les autres formes de vie.

Vous savez, le Docteur Schweitzer était tellement convaincu de devoir respecter la vie qu'il n'aimait pas stériliser ses instruments chirurgicaux. Il avait le service chirurgical le plus sale de toute l’Afrique ; parce que les bactéries sont de la vie, et soucieux de ne pas blesser une seule bonne bactérie, il les laissait se développer toutes ensemble, les bienfaisantes autant que les nuisibles.

A l’occasion de la visite d’un certain Monsieur Kline, organiste et expert réparateur, le docteur Schweitzer lui demanda de réparer son orgue car il n'en sortait plus aucun son. Lorsque ce monsieur souleva le couvercle de l’instrument, il découvrit que l’orgue abritait un énorme nid de cafards. Avec empressement, il se mit à piétiner les cafards, afin de ne pas en laisser un seul s'en tirer vivant. Le bon docteur surgit, les cheveux dressé sur la tête et, dans un mouvement de grande colère, s’écria : « Cessez cela sur le champ ! » « Pourquoi, donc ? lui répondit le réparateur, Ils détruisent votre orgue ! » Schweitzer rétorqua : « Tout va bien, ils sont juste conformes à leur nature. » Un domestique fut alors chargé de les placer un à un dans un sachet et de les emmener dans la jungle afin de les y relâcher. Voici donc un homme cohérent, qui croyait sincèrement dans sa philosophie. Il lui était entièrement dévoué ! Même quand il s’agissait de cafards ou de microbes. Sa Révérence pour la vie n’est rien d’autre qu’une forme d’humanisme.

La philosophie des missions

Maintenant, je vous le demande : Quelle est la philosophie des Missions ? Quelle est la philosophie de l'évangélisation ? Si vous me demandez pourquoi, lorsque j’étais plus jeune, je suis parti en mission en Afrique, je vous répondrai que j’y suis d'abord allé à cause de la justice de Dieu. Je ne pensais pas qu'il fut juste pour quiconque d'aller en Enfer sans avoir eu la moindre occasion d’entendre la Bonne Nouvelle du salut et d'être sauvé. J’y suis donc allé pour offrir à de pauvres pécheurs une chance d'aller au Ciel.

Or, quand je suis arrivé en Afrique, j'ai découvert que les gens n’étaient pas si pauvres que ça, qu’ils n’étaient pas aussi ignorants que ça, qu’ils n’avaient rien de petits païens courant en tous sens dans les bois à la recherche de quelqu'un qui puisse leur dire comment faire pour aller au Ciel. Ces gens étaient de véritables monstres d’iniquité! Ils possédaient beaucoup plus de connaissance de Dieu que je ne l’avais imaginé mais vivaient dans le mépris le plus total de Dieu ! Ils méritaient l'Enfer! Tout simplement parce qu'ils refusaient obstinément de marcher selon la lumière de leur conscience, selon la lumière de la loi écrite sur leur cœur, selon le témoignage de la nature et selon les vérités qu’ils possédaient déjà ! Une fois sur place, j'ai découvert qu'ils savaient ce qu’était le Ciel, qu’ils ne voulaient pas y aller car ils chérissaient leur péché et qu’ils ne voulaient pas l'abandonner.

Et quand j'ai constaté cela, je me suis mis très en colère contre Dieu. En réalité, j’étais parti là-bas motivé par une forme d'humanisme. J'avais vu des photos de lépreux, j'avais vu des photos d'ulcères, j'avais vu des photos de funérailles, et je ne voulais pas que mes frères humains aient à souffrir éternellement en Enfer après une existence aussi misérable sur terre. C’est donc là-bas que, dans le secret de l’endroit où je m’étais retiré pour prier que Dieu a commencé à déchirer cette couche d’humanisme qui me recouvrait ! Là-bas, il m’a semblé l’entendre dire: « Le juge de toute la terre ne serait-il pas juste ? Les païens sont perdus et ils vont aller en Enfer mais ce n’est pas parce qu'ils n'ont pas entendu l'évangile. Ils vont aller en Enfer parce qu'ils sont pécheurs et qu’ils aiment leur péché! Ils vont aller en Enfer parce qu’ils le méritent. Mais je ne t’ai pas envoyé là-bas pour eux. Je ne t’ai pas envoyé là-bas à cause d’eux. Non, je ne t’ai pas envoyé en Afrique pour la cause des païens ; je t’ai envoyé en Afrique pour MA cause… Je ne t’ai pas envoyé là pour eux, je t’y ai envoyé POUR MOI. J’ai enduré les agonies de l’enfer pour eux. Ne mériterais-je aucune récompense pour mes souffrances. Ne mériterais-je pas ceux pour lesquels je suis mort ? »

Et cela a tout inversé, tout changé ! Tout était soudain à nouveau dans le bon axe ! Je ne travaillais plus pour Mica ni pour 10 shekels et un costume ! J’étais en train de servir un Dieu vivant ! Je n’étais plus là pour la cause des païens. J’étais là pour un Sauveur qui avait enduré les agonies de l’Enfer pour moi et pour toutes les personnes autour de moi, alors qu’il était innocent. Vous comprenez? Laissez-moi résumer cela. Le véritable christianisme dit ceci : « La finalité de l’existence, c’est la gloire de Dieu ». En revanche, l’humanisme dit : « La finalité de l’existence, c’est le bonheur ». L’un est né en Enfer et c’est la déification de l’homme ; l’autre est né au Ciel et c’est la glorification de Dieu. L’un est un Lévite au service de Mica et l’autre est un cœur indigne qui sert humblement le Dieu vivant, parce qu’il n’y a pas d’honneur plus grand dans l’univers.

Les prédicateurs

Qu’en est-il de vous ? Pourquoi vous êtes-vous repenti ? J’aimerais tant que les gens puissent encore se repentir dans le sens biblique du terme ! Au dix-huitième siècle, George Whitefield savait bien en quoi cela consistait. Face à 20.000 personnes réunies pour l’écouter prêcher à Boston, il leur dit : « Ecoutez-moi pécheurs, vous êtes des monstres d’iniquité ! Vous méritez l’Enfer ! Et le pire de tous vos crimes est que vous n’ayez pas eu la bonne grâce de voir que vous étiez des criminels ! » Puis il leur dit : « Si vous ne pleurez pour vos péchés et vos crimes contre un Dieu Saint, George Whitefield pleurera pour vous! » Cet homme mit alors sa tête en arrière et sanglota comme un bébé. Pourquoi ? Parce qu'ils risquaient d’aller en Enfer ? Non ! Parce qu'ils étaient des « monstres d'iniquité », qui ne voyaient pas leur péché et ne se faisaient pas de souci au sujet de leurs crimes.

Vous voyez la différence ? La différence est que quelqu'un peut trembler devant la perspective des maux qu’il va endurer en Enfer et n’avoir pas, pour autant, la moindre conscience de l’énormité de sa culpabilité, de l'énormité de son crime, et des insultes qu’il a proférées contre Dieu ! Il tremble seulement parce que sa peau est sur le point d'être brûlée et il a peur ! Je conviens que la peur est une bonne « couche de fond » pour nous préparer à la grâce, mais il ne faut pas s’y arrêter. Le Saint-Esprit ne s'arrête pas là. C'est la raison pour laquelle personne ne peut recevoir le Christ d’une manière sûre tant qu'il ne s’est pas repenti. Or, personne ne peut se repentir avant d'être convaincu de péché. Or, la conviction est l'œuvre du Saint-Esprit, qui permet au pécheur de voir qu'il est un criminel devant Dieu, qu’il mérite sa colère et que si Dieu voulait l’envoyer dans le coin le plus reculé de l'Enfer, pour toujours et pendant dix éternités, ce ne serait que justice !

Voila où se trouve la différence qu’il y a entre une prédication du siècle actuel et une prédication au temps de John Wesley. Wesley était un prédicateur qui, au dix-huitième siècle, faisait l’éloge de la justice de Dieu. Il commençait par exalter la sainteté de Dieu, la beauté de la loi de Dieu, la droiture de Dieu et la sagesse de ses exigences! Ensuite, il se tournait vers les pécheurs et les aidait à regarder vers l'énormité de leurs crimes, de leur rébellion, de leur trahison, de leur anarchie. Et la puissance de Dieu descendait sur la foule, de sorte qu'à une occasion – et cette information est fiable – lorsque la foule se dispersa, près de 1800 personnes gisaient sur le sol, complètement inconscientes ! Elles avaient reçu une révélation de la sainteté de Dieu et devant cette lumière, elles avaient vu l'énormité de leurs péchés. Dieu avait tellement pénétré leurs esprits et leurs cœurs qu’elles en étaient tombées à la renverse !

Ceux qui avaient été des alcooliques cessaient de boire. Ceux qui avaient fait preuve de cruauté cessaient d’être cruels. Ceux qui avaient mené une vie immorale renonçaient à leur immoralité. Ceux qui avaient volé allaient restituer ce qu'ils avaient volé. Car dès qu’ils avaient vu la sainteté de Dieu, ils avaient également pu entrevoir l'énormité de leurs fautes. Ployant sous le poids de leur culpabilité, ils perdaient conscience pour quelques minutes ! C’est ainsi que, par une effusion de la puissance de Dieu, les pécheurs se repentaient de leurs péchés et se tournaient vers le Christ. La grande différence avec aujourd’hui est que les prédicateurs ne cherchaient pas à convaincre un homme «bon» qu'il avait des problèmes avec un «mauvais» Dieu. Mais ils s’efforçaient de convaincre des hommes mauvais qu'ils avaient mérité la colère et le courroux d'un Dieu bon! Et le résultat était le repentir sincère qui mène à la foi et conduit à la vie.

Pourquoi se repentir ?

Chers amis, il n'y a qu'une seule raison pour laquelle un pécheur doive se repentir : c'est parce que Jésus-Christ mérite la louange et l'adoration, l'amour et l'obéissance de son cœur. Non pas parce qu'il va aller au Paradis. Si la seule raison de votre repentir, chers amis, était d’échapper à l'enfer, vous ne seriez jamais qu’un Lévite en service pour dix shekels et un costume trois pièces ! C’est tout ! Votre motivation pour servir Dieu est le bien qu’il va pouvoir vous offrir ! Mais un cœur repentant est un cœur qui a perçu l'énormité du crime qu’il a commis en se prenant pour un dieu et en refusant au Dieu véritable et juste l'adoration et l'obéissance qu'il mérite!

Pourquoi un pécheur doit-il se repentir ? Parce que Dieu mérite l'obéissance et l'amour que l’homme a refusé de lui donner jusqu’alors ! Pas pour qu’il puisse aller au Paradis. Si la seule raison pour laquelle il se repent est celle d’aller au Ciel, ce n'est alors rien d’autre qu’un marchandage ou qu’une tentative pour faire une bonne affaire avec Dieu. Pourquoi un pécheur abandonnerait-il tous ses péchés ? Pourquoi devrait-il être mis au défi de le faire ? Pourquoi devrait-il faire la restitution de ce qu’il a volé quand il vient au Christ ? Parce que Dieu mérite l'obéissance qu'il exige! Voilà tout !

J'ai eu l’occasion de converser avec bien des gens qui n'ont aucune assurance du salut, qui ne savent pas si leurs péchés ont été pardonnés. Ils veulent des garanties et se sentir en sécurité avant de pouvoir s'engager à la suite du Christ. Cependant, les seules personnes à qui Dieu rend réellement témoignage par Son Esprit sont les personnes qui sont nées de lui, sont celles qui viennent à Jésus Christ en lui disant, pas forcément à haute voix, quelque chose comme ceci : « Seigneur Jésus, je vais t’obéir, t’aimer, te servir, et faire ce que tu veux, tant que je vivrai, même si je vais en Enfer à la fin de la route, tout simplement parce que tu es digne d'être aimé, obéi et servi, et je ne cherche pas à faire un marché avec toi ! »

La voyez-vous, la différence ? Voyez-vous la différence entre un Mica qui construit une chapelle pour que Dieu lui fasse du bien, entre un Lévite qui se fait payer dix shekels et un costume trois pièces, et quelqu'un qui se repent pour la gloire de Dieu ?

Pourquoi une personne devrait-elle passer par la croix ? Pourquoi une personne devrait-elle embrasser tant la mort que la vie avec le Christ ? Pourquoi une personne devrait-elle être disposée à s’identifier à Jésus Christ, en passant par la mort, la sépulture et la résurrection ? Je vais vous dire pourquoi : parce que c'est la seule façon pour un homme de glorifier Dieu ! Si vous dites que c'est parce que la joie, la paix, le succès, la gloire ou une quelconque bénédiction sont au bout du chemin, alors il n'est question de rien d’autre que d’un Lévite en service pour dix shekels et un costume trois pièces.

En fait, la seule bonne raison d'embrasser la croix, ce ne sont pas les bénéfices que vous allez pouvoir obtenir, mais le bénéfice que Jésus va pouvoir en retirer, pour la gloire de Dieu. Le seul moyen dont Jésus dispose pour tirer pleinement gloire d'une vie qu'il a rachetée par son précieux sang, c'est quand il peut remplir cette vie de sa présence et, à travers elle, vivre sa propre vie. Ce qu’il y a de génial dans notre démarche de foi, c'est qu’il n’y a rien d’autre à faire que de présenter notre vase d’argile devant Jésus et lui dire : « Seigneur, tu dois le remplir. Tout ce qui doit être fait ne peut être fait que par toi et pour toi. »

La puissance de l’Esprit

Un jeune prédicateur est un jour venu me trouver. Il m’a dit : « Frère Reidhead, j'ai une grande église. J'ai un merveilleux programme d'école du dimanche et un ministère en pleine croissance à la radio. Mais je ressens un manque dans ma vie, j'ai besoin d'être baptisé du Saint-Esprit, j'ai besoin d'être rempli de la plénitude de l’Esprit. Quelqu’un m'a dit que Dieu avait fait quelque chose de formidable pour vous et je me suis demandé si vous pouviez m'aider ?»

Je regardais ce collègue, et savez-vous à quoi il ressemblait ? A moi. Il me ressemblait. Je venais de voir en lui tout ce qui était en moi. Vous pensiez que j'allais dire «en moi avant ». Eh bien non ! Ecoutez, chers amis, si quelqu’un n’a jamais pu se voir lui-même, il ne va pas pouvoir devenir autre chose que lui-même ! Car en moi, dans ma chair, il n'y a rien de bon, dit l’Ecriture (Romains 7:18). Ce jeune homme était mon reflet. Et il était comme un gars qui conduit une voiture de sport et déboule dans un garage en disant : « Réglez-moi cette voiture et gonflez le moteur à bloc ! » C’était tout à fait ça : il voulait de la puissance pour son programme. Or, Dieu n’est pas un moyen pour obtenir le résultat que nous espérons. Je lui ai donc répondu : « Je suis terriblement désolé, mais je ne pense pas pouvoir vous aider. »

« Pourquoi? », m’a-t-il demandé. Je lui ai répondu : « Je ne pense pas que vous soyez prêt : vous avez fait des merveilles sans le pouvoir de l'Esprit Saint ». N'est ce pas ce que le chrétien chinois dit quand il rentre en Chine et qu’on lui demande « Qu’est-ce qui vous a le plus impressionné en Amérique? » Il répond : « Les grandes choses que les américains peuvent accomplir sans Dieu. » Et lui, le jeune prédicateur, avait accompli beaucoup de choses, il faut bien l'admettre, sans Dieu. Maintenant, il voulait quelque chose de puissant pour porter ses accomplissements encore plus loin. Je lui ai dit: « Non ! Vous êtes assis derrière le volant et vous demandez à Dieu de vous donner de la puissance pour aller encore plus loin. Cela ne marchera pas. Vous devez sortir de là. »

Je connaissais ce personnage parce que je me connaissais moi-même. J'ai dit: « Non, cela ne marchera jamais. Vous devez vous glisser sur le siège arrière. » Mais je le voyais déjà se pencher en avant depuis le siège arrière et saisir le volant. « Non, lui dis-je, vous ne pouvez pas y arriver depuis le siège arrière, non plus ! » Aussi lui dis-je encore : « Avant que Dieu fasse quoique ce soit pour vous, savez-vous ce que vous devriez faire ? Vous devriez sortir de la voiture, retirer les clés du contact, ouvrir le coffre, donner les clés à Jésus, vous glisser dans le coffre, le refermer sur vous et vous adresser au Seigneur en lui disant, à voix basse à travers le trou de la serrure, de s’occuper de l’entretien du véhicule et de prendre le volant car, à partir de maintenant, c’est lui et lui seul que cela regarde ! »

Voilà pourquoi tant de gens que vous connaissez ne rentrent pas dans la plénitude du Christ. C’est parce qu'ils veulent devenir un Lévite avec dix shekels et un costume pour salaire. Ils ont servi Mica, mais ils pensent que s’ils avaient la puissance de l'Esprit Saint, ils pourraient servir la tribu de Dan.

Cela ne fonctionnera jamais. Jamais ! Dieu n’a besoin de vous que pour une seule raison et c'est pour vous amener à l'endroit où, dans le repentir, vous avez été gracié pour sa gloire. Et dans la victoire, vous avez été amené à la mort en Lui afin qu'il puisse régner. Et dans cette plénitude, Jésus Christ est capable de vivre et de marcher en vous. Votre attitude est l'attitude du Seigneur Lui-même, qui a dit : « Je ne peux rien faire par moi-même » (Jean 8:28). Je ne peux pas parler de moi-même. Je ne fais pas de plans pour moi-même. Ma seule raison d'être est d’exister pour la gloire de Dieu en Jésus-Christ.

L’agneau immolé

Si je vous disais: « Venez, soyez sauvés et vous pourrez aller au ciel, venez à la croix afin que vous puissiez obtenir la joie et la victoire, venez recevoir la plénitude de l'Esprit afin d’être pleinement heureux », je tomberais dans le piège de l'humanisme.

Je vous le dis, amis chrétiens, venez à la croix et rejoignez le Christ en vous unissant à lui dans la mort. Pénétrez ainsi toute la signification de la mort à soi-même, afin que Jésus en retire toute la gloire. Je vous le dis, amis chrétiens, si vous ne connaissez pas la plénitude de l'Esprit Saint, venez offrir vos corps en sacrifice vivant, pour qu'il puisse vous remplir et obtenir toute la gloire à travers votre vie. Il ne s’agit pas de ce que vous allez obtenir de Dieu, mais de ce qu'il va pouvoir obtenir à travers vous.

Qu’on en finisse une fois pour toutes avec le christianisme utilitaire qui fait de Dieu un moyen, au lieu qu’il soit la fin en soi. Démissionnons. Disons à Mica que nous partons. Nous ne serons plus ses prêtres ni pour dix shekels ni pour un costume trois pièces. Disons à la tribu de Dan, nous partons. Et allons nous jeter aux pieds transpercés du Fils de Dieu en lui promettant de lui obéir, de l'aimer, de le servir aussi longtemps que nous vivrons, parce qu'il en est digne!

Sur une île des Antilles, un propriétaire athée d’origine britannique disposait de 2000 à 3000 esclaves. Ce propriétaire s’était juré de ne permettre à aucun prédicateur ni à aucun membre du clergé de demeurer sur cette île, car il ne voulait plus jamais entendre parler de Dieu. Deux jeunes Moraves d’une vingtaine d'années furent informés de cette situation et en furent affligés. Ils se vendirent au planteur britannique et utilisèrent l’argent de leur vente pour payer leur propre passage sur cette île. Partis pour ne plus jamais revenir, car il ne s’agissait pas d’un contrat de quatre ans, ils s’étaient vendus pour être les esclaves de cet homme inique. Tout ce qu’ils voulaient, c’était de pouvoir être une présence chrétienne au milieu de ces pauvres gens à qui était refusée toute forme de réconfort spirituel.

Au moment du départ, les familles pleuraient, car elles savaient que jamais elles ne reverraient ces deux jeunes gens. Une fois franchie la jetée du port de Hambourg, un des jeunes gens s’empara du bras de son compagnon, le leva bien haut et cria de manière à se faire bien entendre des personnes qui les regardaient partir depuis le rivage : « Puisse l'Agneau immolé, recevoir la récompense de ses souffrances ! » Ce fut la dernière fois qu’on entendit parler d'eux. Cette phrase est devenue, depuis lors, la devise des missions Moraves: «Puisse l'Agneau immolé, recevoir la récompense de ses souffrances!»

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