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CONTINUELLEMENT

Certains croyants se comportent comme s’ils avaient un jour fait une déclaration de douane à la frontière d’un pays de cocagne : ils ne se préoccupent plus vraiment de leur salut qu’ils considèrent comme acquis. Ah bon?

« Le dernier jour, le grand jour de la fête, Yéchoua, se tenant debout, s'écria: Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d'eau vive couleront de son sein, comme dit l'écriture. Il dit cela de l'esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui; car l'esprit n'était pas encore, parce que Yéchoua n'avait pas encore été glorifié. » (Jean 7 :37-39)

Dans son évangile, Jean mentionne ces paroles de Yéchoua après avoir relaté son dialogue avec une femme de Samarie, où il est fait mention de cette mystérieuse eau vive qui, aux dires de Yéchoua, ne s’achète pas à la supérette du coin. Voici ce que Yéchoua fait comme déclaration à la femme samaritaine : « Si vous connaissiez le don de D.ieu et qui est celui qui vous dit: Donnez-moi à boire, vous lui auriez vous-même demandé à boire, et il vous aurait donné de l'eau vive. » (Jean 4:10) Et pour éclairer la lanterne de cette femme qui, de toute évidence, n’y comprend rien, il ajoute à cette assertion énigmatique : « Celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura jamais soif, et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle. » (Jean 4:14)

A présent, Yéchoua ne fait plus cette déclaration à titre confidentiel mais il le crie d’une voix forte : « Celui qui croit en moi, des fleuves d'eau vive couleront de son sein, comme dit l'écriture. » (Jean 7 :38)

Dans le texte grec, le terme KOILIAS, qu’on traduit habituellement par ‘sein’ et qu’on visualise quelquefois au niveau du cœur, est situé un peu plus bas sur la carte géographique du corps humain, puisque cela désigne ‘le ventre’ ou ‘les entrailles’. Le nouveau testament rattache à tous les coups cette partie de l’anatomie à la mère qui porte en elle un enfant, et ce jardin secret d’où jaillit la vie est associé à l’image d’une source. Dans le verset que nous venons de citer, Yéchoua fait lui-même référence à un passage de ‘l’ancien testament’ que nous trouvons dans le livre du prophète Esaïe : « L'Eternel sera toujours ton guide, Il rassasiera ton âme dans les lieux arides et il redonnera de la vigueur à tes membres; tu seras comme un jardin arrosé, comme une source dont les eaux ne tarissent pas. » (Ésaïe 58:11) Si nous voulons comprendre correctement les paroles de Yéchoua, nous devons impérativement les mettre en rapport avec ces paroles du livre d’Esaïe. Si l’expression de Yéchoua « les fleuves d’eau vive » correspond à « la source dont les eaux ne tarissent pas » qu’on trouve dans Esaïe, la partie de la phrase qui dit, dans Jean, « Celui qui croit en moi » correspond à la partie de la phrase d’Esaïe qui dit : « L’Eternel sera toujours ton guide ». Dans le texte hébreu, le terme TA•MÎD, qu’on a mal traduit en français par « toujours » aurait dû être traduit par l’expression « continuellement ». Cela donne donc : « L’Eternel sera continuellement ton guide ».

Curieusement, la même erreur de traduction apparaît dans l’évangile selon Jean où, en Jean 7 :38, au lieu de traduire « Celui qui croit en moi » il eut fallu traduire : « Celui croit continuellement en moi », parce qu’en grammaire grecque, le temps utilisé dans cette phrase est ce qu’on appelle un présent continu. De même, au verset 39 de ce même chapitre, il eut fallu traduire non pas «Il dit cela de l'esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui » mais plutôt « Il dit cela de l'esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient continuellement en lui. » La même erreur de traduction apparaît en Jean 3 :16, où le texte grec fait également usage de ce présent continu, et aurait donc dû être traduit come suit : « Car D.ieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit continuellement en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. »

Si j’insiste à ce point sur ces détails de traduction, c’est parce que ceux-ci modifient considérablement la conception que nous pouvons avoir du salut. Il y a tant de pseudo-chrétiens qui se promènent là-dehors en pensant disposer d’un passeport définitif pour le ciel parce qu’on leur a dit que professer publiquement sa foi en Yéchoua le jour de son baptême était suffisant pour être sauvé. Ils nourrissent leur foi comme certains entretiennent leur voiture, en passant au garage une ou deux fois par an pour y faire une vidange d’huile et en lavant la carrosserie tous les dimanches matin à l’extérieur de la maison. Ils pensent avoir une relation personnelle avec D.ieu parce qu’ils s’en vont écouter un sermon d’une heure une fois toutes les 168 heures et qu’ils disent une prière d’une vingtaine de secondes avant chaque repas. Or, les deux passages que nous venons de lire dans l’ancien et dans le nouveau testament sont unanimes sur ce point : nous ne pouvons recevoir l’esprit-saint en plénitude qu’à la condition de croire continuellement en Yéchoua, qu’à la condition que D.ieu soit continuellement notre guide, autrement dit, que nous soyons continuellement à l’écoute de Yéchoua, que nous buvions continuellement ses paroles et que nous marchions continuellement dans l’obéissance à ses commandements.

Pour illustrer cette réalité, je vous invite à relire le passage du livre de L’Exode (Exode 13 :21-22), qui décrit cette colonne de feu et de nuée qui guidait le peuple de D.ieu à travers le désert : « YHWH allait devant eux, le jour dans une colonne de nuée pour les guider dans leur chemin, et la nuit dans une colonne de feu pour les éclairer, afin qu'ils marchassent JOUR ET NUIT. La colonne de nuée ne se retirait point de devant le peuple pendant le jour, ni la colonne de feu pendant la nuit. » Nous sommes dans une dynamique continue. De même, lorsque nous lisons le CH’MA ISRAËL (Deutéronome 6 :4-7), l’exigence exprimée par D.ieu est de lui obéir continuellement, où que l’on se trouve, à quel que moment que ce soit, quoi que l’on soit en train de faire : « Ecoute, Israël, YHWH est notre D.ieu, YHWH est un. Tu aimeras YHWH , ton D.ieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Et ces commandements, que je te donne aujourd'hui, seront dans ton cœur. Tu les enseigneras diligemment à tes enfants, et tu en parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras.»

Résultat des courses : quiconque se met continuellement à l’école du maître devient une source d’inspiration pour ses semblables, une personne dont les paroles donnent la vie, une personne dont les actes portent des fruits en abondance pour le royaume. Une telle personne devient comme la porte ouverte d’une écluse : à travers elle, D.ieu déverse ses grâces sur la terre et, comme il est dit dans le psaume 107 :35, « change le désert en étang et la terre aride en sources d'eaux ».

Frères et sœurs, ne nous laissons pas distraire par l’ennemi. Dans notre monde contemporain, tout est mis en place par le Satan pour nous sortir de la présence de D.ieu. Comme il le fit en son temps avec Eve dans le jardin d’Eden, le serpent nous bombarde de publicités et de slogans mensongers pour nous faire sortir de la présence de D.ieu. Le but du Satan est de nous neutraliser et il chante la victoire quand, à la place des fleuves d’eau vive, il n’y a plus qu’un petit filet d’eau sans importance, un petit pipi deux ou trois fois par jour qu’on s’en va déverser dans un petit coin sans se faire remarquer. En magicien expérimenté, il utilisera une complète panoplie de trucs et ficelles pour nous aveugler, pour nous convaincre des bienfaits de toutes ces choses qui, au lieu d’entretenir notre zèle à suivre et servir Yéchoua, au lieu d’entretenir la flamme ardente de notre amour pour Lui, vont nous attiédir, nous affadir, nous ramollir. Dès qu’il aura trouvé le moindre fil qui dépasse de cette robe baptismale dont Yéchoua nous a revêtus lorsque nous sommes venus à Lui, il tirera dessus jusqu’à ce qu’il ait tout détricoté et que nous nous retrouvions nus comme des vers, rouges de honte face à D.ieu et bleus de peur devant la mort.

Allons, chers amis, retrouvons notre âme d’enfant, reprenons le chemin de l’école fondamentale, pour y recevoir du maître les bases d’un enseignement solide. Ne lésinons pas sur l’effort. Ne comptons pas nos heures de besogne, comme si D.ieu était de ces mauvais patrons qui poussent tout le monde à bout sans pour autant rétribuer chacun de manière équitable. D.ieu nous donne à manger des mets les plus succulents de sa propre table. Il nous donne à boire du vin des noces, qu’il tire lui-même de ses cuves personnelles. Il déverse à travers nous l’eau vive de son saint-esprit et fait de nous les hérauts de son royaume d’amour. Soyons assurés que, comme il nous l’a promis, comme nous l’avons entendu nous le redire aujourd’hui : « Celui qui croit continuellement en moi, des fleuves d'eau vive couleront de son sein.»

Phil EDENGARDEN © 2017

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