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COMMENT OBSERVER LE CHABBAT’ ?

"Commémore le jour du chabbat’, sanctifie-le. Tu travailleras et t’occuperas de toutes tes affaires six jours durant mais le septième jour est le chabbat’ de YHWH ton d.ieu : tu n’y feras aucun travail, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui réside chez toi. Car en six jours YHWH a fait les cieux, la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve, mais il s’est reposé le septième jour. Voilà pourquoi YHWH a béni le jour du chabbat’ et il l’a sanctifié."(Exode 20,8-11)


Pour ce petit exposé pratique sur le chabbat’, je vais vous entraîner hors de la sphère religieuse. Les chrétiens réformés se sont habitués à leurs cultes du dimanche mais le canevas de leurs réunions est calqué sur les rites du catholicisme romain, lui-même calqué en grande partie sur les liturgies païennes au Sol Invictus que vénérait l’empereur Constantin. (Je vous renvoie au livre intitulé «Pagan Christianity», coécrit par Frank Viola et George Barna en 2007, car il développe ce sujet de manière plus rigoureuse et convaincante que je ne pourrais le faire). Au fond, ces pratiques religieuses qui paraissent normales à bon nombre de chrétiens sont comparables à une vieille prostituée qui aurait fait de la chirurgie esthétique pour se donner l’apparence d’une vierge sans tache et qui, sur le tard, aurait enfilé une robe de deuil à l’allure respectable; mais, derrière toutes ces apparences trompeuses, se cache un vilain démon qui n’a jamais été exorcisé.

Chabbat' chalom La bible nous dit de commémorer et/ou d’observer le chabbat du créateur au septième jour de la semaine. Et ce commandement du chabbat’, tel qu’il figure dans le décalogue, demande essentiellement une chose : que l’on cesse de travailler. Que TOUT LE MONDE arrête de travailler et de faire travailler les autres, y compris les bêtes de somme. C’est une trêve générale du même ordre qu’un cessez-le-feu pour ceux qui connaissent la guerre. Et pour quelle raison ? Parce que, nous disent les écritures, après avoir travaillé six jours à la création de l’univers, YHWH s’est arrêté pour contempler la beauté de son œuvre. De semaine en semaine, YHWH nous invite à participer activement, six jours durant, à son œuvre de création et à faire ensuite une trêve comme lui, au septième jour.

Au cœur du chabbat’, il y a donc LA CREATION, comprise comme œuvre d’art du créateur, dans tout ce qu’elle comporte de beau, de bon, de bien.

Ce jour du chabbat’ est sanctifié, séparé des autres jours de la semaine. Et ce qui marque cette distinction est essentiellement cette cessation d’activité. Mais qui dit cessation d’activité extérieure dit activation de la réalité intérieure. Nous ne nous asseyons pas pour dormir mais pour observer le panorama et nous extasier. Entrer dans la démarche du chabbat’, c’est un peu comme si vous allumiez une lampe dans une pièce de château plongée dans l’obscurité et que vous preniez le temps de tout regarder attentivement et de vous émerveiller de la beauté du cadre dans lequel vous vous trouvez. N’oublions pas qu’une journée biblique commence toujours à la tombée de la nuit, pour se terminer à la tombée de la nuit suivante. On ne commence donc pas la journée avec l’arrivée du soleil mais avec l’apparition des étoiles dans le ciel.

Allumage des bougies Chez nous, même si la bible ne dit rien à ce sujet et qu’il ne s’agit que d’une tradition rabbinique, nous allumons les bougies au moment d’entrer dans ce temps du chabbat’, comme le font d’ailleurs les mères juives. C’est une manière de marquer l’instant avec solennité. Il y a deux bougies: l’une pour nous rappeler d’observer le chabbat’, comme c’est dit dans le livre du Deutéronome, l’autre pour nous dire d’en faire mémoire, c’est dans le livre de l’Exode. Mon épouse prononce alors les paroles du prologue de Jean:A l’origine était le logos, et le logos était avec Elohim, et le logos était Elohim. Il était à l’origine auprès d’Elohim. Par lui, toutes choses sont advenues et sans lui, pas une seule des choses qui sont advenues ne serait advenue. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes. Et la lumière brille dans l’obscurité et l’obscurité ne l’a pas capturée.Ce n’est formulé ni par contrainte ni par obligation, mais cela parle à notre cœur.

Pour l’occasion, nous nous habillons proprement (puisque nous n’allons pas travailler, nous n’allons pas, non plus, nous salir), comme pour un mariage, avec nos plus beaux vêtements, ceux qui tranchent le plus avec la vie active que nous avons menée six jours durant. La table que mon épouse a dressée comporte une jolie nappe et les plus jolies assiettes que nous ayons dans la maison. L’ambiance est nuptiale, car les repas que nous prenons en famille au terme d’une semaine de travail nous rappelle cette parabole de Yéchoua, dans laquelle le maître dit à son serviteur:C'est bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître(Matthieu 25,23). Oui, la joie du ciel est au rendez-vous.

Alliance Avant que mon épouse n’allume les lampes qui vont éclairer la maison, pour qu’elle n’ait pas à travailler durant le chabbat’, le repas est déjà prêt, dans le four. Mais notre premier acte de la journée ne consiste pas à manger. Si nous nous asseyons à table, c’est d’abord pour écouter YHWH parler. N’est-ce pas par des paroles qu’il a créé tout l’univers? Et puis, en nous mettant à l’écoute de notre père des cieux, nous faisons mémoire de Yéchoua qui dit:Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre(Jean 4,34). Nous commençons donc notre journée du chabbat par un temps d’écoute et de méditation de la bible. J’insiste sur ce point: nous ne sommes pas Juifs et si nous avons repris certains gestes de leurs traditions, c’est parce qu’ils sont porteurs de sens pour l’édification de nos âmes. Mais nous sommes participants de la nouvelle alliance en Yéchoua et nous n'avons plus aucune obligation rituelle: nous sommes donc parfaitement libres de faire autrement, selon ce que le souffle divin nous inspire.

Le livre de l’Exode nous raconte que le peuple de YHWH recevait une double part de manne à la veille de chaque chabbat’, pour qu’il n’ait pas à la ramasser durant le septième jour de la semaine (Exode 16, 22-32). C’est la raison pour laquelle vous trouverez deux miches de pain sur la table des familles juives qui pratiquent le chabbat. Dans notre foyer, nous avons troqué ce pain-là contre une double part de souffle divin, contre une double bénédiction de la part de Yéchoua, qui dit: Je suis le pain vivant qui est descendu des cieux. Quiconque aura mangé de ce pain vivra en pérennité(Jean 6,51).

Nous vivons chaque soirée d’ouverture du chabbat comme un mini Seder, comme un rappel de la pâque de Yéchoua, mort pour expier nos péchés et ressuscité pour nous introduire, avec lui, dans la vie du royaume (→ Lire Jésus et le Seder). La deuxième partie de ce verset de l’évangile selon Jean que j’ai cité un peu plus tôt se termine comme suit:Et le pain que je donnerai, c'est ma chair, que je donnerai pour la vie du monde(Jean 6,51). Dans ce passage du nouveau testament, Yéchoua poursuit son discours en ces termes:Assurément, assurément je vous le déclare, à moins de manger la chair du fils d’homme et de boire son sang, vous ne pouvez avoir la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie en pérennité, et je le relèverai au dernier jour. Car ma chair est un véritable aliment et mon sang est un véritable breuvage. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui(Jean 6, 53-56).

Ma coupe est débordante Nous avons donc, sur notre table, un peu de pain azyme et une coupe, dans laquelle nous faisons couler du vin à flot, jusqu’à ce que cela déborde. Ce débordement, nous l’exprimons avec un mot: surabondance. Surabondance d’amour, surabondance de miséricorde, surabondance de grâce, surabondance du souffle en nous. Yéchoua nous a aimés à l’excès, et la part de souffle divin dont il nous gratifie est débordante. Il aurait pu nous libérer de l’esclavage du péché et s’en tenir à cela, c’eût été suffisant. Mais comme le dit si bien cette phrase d’une lettre de l’apôtre Paul:La loi est intervenue afin que la transgression abondât; mais là ou le péché abondait, la grâce a surabondé(Romains5,20). Oui, YHWH est tellement magnanime qu’il nous a fait sortir d’Egypte en nous comblant de toutes sortes de biens, selon ce qui est écrit dans le livre de la genèse:Ils sortiront ensuite avec de grandes richesses(Genèse 15,14). Et à l’image de ce vin qui déborde de la coupe qui se trouve sur la table, le souffle répandu en nous est débordant:Tu dresses devant moi une table, en face de mes adversaires. Tu oins d'huile ma tête et ma coupe déborde(Psaumes 23,5). C’est la réalisation de cette promesse de Yéchoua, qui dit:Celui qui se confie en moi, comme le dit l’écriture, de son ventre couleront des fleuves d’eau vive(Jean 7,38).

Le vin qui est sur notre table est donc riche de nombreuses significations. Mais la plus évidente, pour nous qui sommes entrés dans l’alliance par Yéchoua, est qu’il représente son sang versé à la croix en sacrifice d’expiation pour toutes nos transgressions de la tora, de la loi de YHWH. Lorsque nous versons le vin dans la coupe, nous faisons mémoire de la passion de Yéchoua, de sa mort à la croix et de son sang versé jusque sur le propitiatoire du tabernacle. Nous savons que c’est le point de départ de notre vie nouvelle, la source de notre salut, la cause de notre joie, et nous revenons puiser ensemble à cette source chaque semaine, illustrant ainsi cette parole du prophète Esaïe:C’est avec joie que vous puiserez de l'eau aux sources du salut(Esaïe 12,3).

Le pain azyme, quant à lui, nous le consommons plus tard, respectant en cela l’ordre du Seder de Pessa’h. Pourquoi mangeons-nous le pain après avoir bu la coupe et non avant? Parce que nous l’interprétons comme un signe tangible de la résurrection. Il faut d’abord que nous soyons lavés de nos péchés avant de pouvoir manger le pain du ciel à la table des noces de l’agneau. C’est le pain de la communion des saints. Enfin, c’est comme cela que nous vivons cela, mais libre à chacun de faire comme il l’entend. Cette liturgie que nous reproduisons, de chabbat’ en chabbat’, est celle de notre famille, celle qui sert de ferment à l’unité entre nous. Ces gestes que nous posons sans, pour autant, les sacraliser ne sont que des reflets de ce que nous vivons au-dedans de nous.

Merveille de la création Une grande part de ce temps que nous passons à table avant de consommer le repas n’est d’ailleurs pas minuté ni codifié, si bien qu’une grande place est laissée à l’improvisation, selon ce que le souffle divin dépose sur notre cœur. Il arrive que le maître de nos âmes nous indique un passage de l’écriture, et que nous passions un certain temps à l’écoute de ce que notre père des cieux cherche à nous communiquer à travers ce passage de la bible. Parfois, nous passons du temps à intercéder pour des personnes ou des situations particulières, selon ce que le souffle divin nous inspire. Il arrive aussi que nous priions pour obtenir une guérison. C’est lui le maître du chabbat’, nous n’en sommes que les serviteurs!

La célébration du chabbat’ est également l’occasion de prononcer de nombreuses bénédictions et nous ne manquons jamais d’invoquer, les uns pour les autres, un chaleureuxchabbat’ chalom. La traduction la plus courante pour le terme hébreu שָׁלוֹם (chalom) est paix. Mais le véritable chalom biblique est plus vaste que juste la paix: cela englobe également l’harmonie, la plénitude, le bonheur. Pour ma part, en tant que chef de ménage, je me fais un devoir de bénir toutes les personnes qui sont sous mon toit, à commencer par mon épouse. Il m’arrive fréquemment d’intercéder pour elle à ce moment-là, de façon spontanée. Et selon cette même dynamique, je m’efforce de complimenter mon épouse pour tout ce qu’elle est et toutes les qualités qui sont en elle. Cela me permet également de me rappeler à quel point je suis béni de YHWH à travers elle. Quiconque à des enfants peut faire la même chose avec sa progéniture, en bénissant personnellement chacun d’eux au nom de YHWH.

Après tout cela, nous mangeons le repas. Nous ne mangeons pas de plats élaborés mais mon épouse fait des merveilles avec peu: c’est toujours délicieux ! N’oublions pas que la dynamique est nuptiale et que nous sommes tous assis à cette table comme des convives aux repas des noces de l’agneau! Sont donc au rendez-vous: la bonté, la beauté, la paix, la joie et toutes les bénédictions dont notre père des cieux veut bien nous favoriser. Voilà pour l’ouverture de notre chabbat’ familial. Comme nous ne nous couchons pas juste après avoir mangé, nous passons un moment de détente ensemble, en évitant de nous laisser aller à de vaines conversations, comme nous le recommande ce passage du livre d’Esaïe :
Si tu gardes ton pied de profaner le chabbat’, de n’en faire qu’à ta tête en mon saint jour, si tu appelles le chabbat’ un délice, le jour honorable et saint de YHWH, si tu l'honores en t'abstenant de suivre tes propres voies, de rechercher la satisfaction de ton propre plaisir, de dire des paroles vaines, alors tu trouveras tes délices en YHWH et je te ferai galoper sur les hauteurs du pays et te comblerai de l’héritage de Ya’akov, car la bouche de YHWH a parlé(Esaïe 58, 13-14).

Epanouissement Après une bonne nuit de sommeil réparateur, nous passons la journée assez différemment des autres jours de la semaine. Nous n’allons pas jusqu’à faire comme certains Juifs qui n’appuient sur aucun interrupteur ou qui ne mangent que des crudités pour ne pas faire fonctionner un four électrique. A l’heure de la robotique, cela ne nous empêche donc pas d’allumer une tablette ou un écran d’ordinateur et de visionner un programme préenregistré. Mais notre plus grand souci est de veiller à ce que personne ne soit obligé de travailler à cause de nous. Nous ne prenons donc aucun risque. Par exemple, nous n’utilisons aucun couteau à la lame tranchante, de peur que nous ne nous coupions et qu’il nous faille faire appel à quelqu’un d’autre pour nous soigner. Nous n’allumons aucun feu, aucun moteur, de peur de déclencher un accident et de mobiliser ainsi une équipe de pompiers ou d’ambulanciers. Par conséquent, nous ne montons à bord d’aucun véhicule. Evidemment, nous ne montons pas à cheval ou à dos d’âne, pour ne charger aucun animal. Nous n’utilisons aucun transport public, pour ne contraindre personne à travailler pour nous. Mais cela ne nous empêche pas de faire une promenade à pied pour nous détendre, nous dégourdir les jambes, prendre l’air et rendre visite à une personne de notre voisinage.

Ce qui, dans notre monde actuel et notre situation, nous peine le plus est de ne pas pouvoir nous réunir avec d’autres personnes qui partageraient peu ou prou nos convictions. Nous ne sommes plus au temps où Juifs et chrétiens se réunissaient à la synagogue pour écouter ensemble la parole de YHWH et les églises qui se réunissent le samedi sont non seulement très rares, loin de chez nous, et malheureusement souvent sectaires. Dans l’attente du jour de la délivrance, nous prions donc YHWH de nous éclairer sur cette question. Si vous aviez une suggestion à nous faire pour répondre à cette attente que nous portons, n’hésitez pas à prendre contact

© Phil Edengarden 2021

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